Un train pour évacuer les Sud-Soudanais avant l'échéance fixée par Khartoum

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KHARTOUM (AFP) - (AFP)

La famille de Bol Wunj a décidé de ne pas attendre l'échéance du 8 avril fixée par Khartoum aux Sud-Soudanais pour quitter le territoire ou régulariser leur situation, comme des centaines de compatriotes elle a pris un train pour rejoindre ses terres d'origine.

Au milieu d'une étendue de sable parsemée d'ordures, vingt wagons bleu et jaune attendent de transférer environ 1.500 Sud-Soudanais vers un territoire que certains n'ont pas revu depuis des décennies, devenue en juillet le Soudan du Sud, un pays indépendant après sa sécession du Soudan.

"Ma femme est inquiète à propos de l'échéance du 8 avril.Elle entend pas mal de rumeurs", explique Wunj, 58 ans, espérant que sa famille, arrivée sans réservation, puisse faire le voyage.

"Mes enfants veulent partir", affirme cet homme de grande taille qui, avant d'avoir perdu son emploi au Soudan comme tous les Sudistes à la suite de la partition, travaillait comme gardien de prison.Il compte rejoindre sa famille dès qu'il aura touché ses indemnités du gouvernement soudanais.

Les relations entre Khartoum et Juba sont de plus en plus tendues depuis la sécession du Sud, après deux décennies d'une guerre civile ayant fait deux millions de morts.

Quelque 500.000 Sud-Soudanais se trouvent toujours au Soudan, qui leur a donné jusqu'au 8 avril pour quitter le territoire ou régulariser leur situation, deux options jugées impossibles par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui a organisé le départ en train de jeudi.

"D'un point de vue logistique il est impossible de transférer un demi million de personnes en moins de deux mois", soulignait en février Mohammed Abdiker, un responsable de l'OIM.

Au cours d'une visite à Khartoum jeudi, le ministre d'Etat adjoint britannique au Développement international, Stephen O'Brien, a appelé le Soudan à prolonger le délai.

Pour pouvoir faire une demande de permis de séjour au Soudan, les intéressés doivent présenter des documents délivrés au Soudan du Sud.Mais même s'ils ont leurs papiers, le Soudan n'a pas mis en place de système pour légaliser leur situation, relève l'OIM.

Ceux voyageant en train avec l'OIM n'ont pas besoin de documents.

L'OIM a aidé au transfert de plus de 23.000 Sud-Soudanais, principalement à l'aide de barges fluviales.

L'armée soudanaise a cependant interrompu le transfert par barges de Kosti, environ 350 km au sud de Khartoum, suspectant qu'elles étaient utilisées par le Soudan du Sud pour renforcer leurs troupes près de la frontière.

Plus d'un millier de Sud-Soudanais étaient inscrits pour prendre le train quittant Khartoum jeudi.456 autres devaient prendre un autre train à Kosti, où des Sud-Soudanais "attendent dans la gare depuis août", selon Julia Hartlieb, de l'OIM.

La gare de Kosti, conçue pour une capacité d'environ 2.000 personnes, en abrite actuellement plus de 11.000, selon l'OIM.

Mahadia Ramadane, une femme de 29 ans ayant fui la guerre dans le Sud il y a plusieurs années, n'a plus de salaire régulier depuis qu'elle a perdu en juin son emploi de femme de ménage dans l'administration soudanaise.

Elle veut à tout prix aller au Soudan du Sud même si elle n'a ni travail, ni maison.Elle emporte avec elle deux caisses avec des lapins qu'elle veut essayer de vendre contre de la nourriture pour ce voyage de 14 jours, jusqu'à Wau, dans l'Etat sud-soudanais de Bahr el-Ghazal.

"Je suis heureuse de rentrer chez moi", affirme-t-elle, assurant ne pas craindre une situation encore précaire dans un pays secoué notamment par des violences ethniques et des combats à la frontière avec le Soudan.

"Je n'ai peur de rien", affirme aussi Antoneta Jumaa, une femme de 38 ans qui n'a pas vu le Sud depuis son enfance.Elle porte le formulaire rose de l'OIM et un bout de papier blanc certifiant qu'elle est en bonne santé et qu'elle peut faire le voyage dans ce train, délabré et sans climatisation.

Sur une carte grise on peut lire son numéro d'embarquement, 000456, et sa destination, "gare de Wau".

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