Tunisie: un patron de télévision détenu en grève de la faim hospitalisé

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TUNIS (AFP) - (AFP)

Sami Fehri, le patron de la chaîne tunisienne Ettounsiya TV incarcéré depuis fin août, a été hospitalisé jeudi après une dégradation de son état de santé au 10e jour d'une grève de la faim pour exiger sa libération, ont annoncé son avocat et de son épouse.

Dans la journée, une centaine d'artistes ont manifesté en silence à Tunis pour exiger la libération de M. Fehri, pour lequel les rassemblements de soutien se sont multipliés ces derniers jours, mobilisant des députés de l'opposition, des journalistes et défenseurs des droits de l'Homme.

"Sa santé s'est gravement détériorée et les médecins ont décidé de le maintenir sous contrôle à l'hôpital", a déclaré à l'AFP Me Abdelaziz Essid.

Selon son épouse Asma, qui était à son chevet, il doit passer la nuit au service de réanimation à l'hôpital Habib Thameur de Tunis, où il avait été admis en urgence dans l'après-midi."Sa santé s'est beaucoup dégradée, il a perdu 13 kilos, mais il a refusé d'être perfusé", a-t-elle déclaré.

"Malgré le danger qu'il encourt, Sami reste très déterminé à poursuivre la grève jusqu'à sa libération, sa famille et ses amis n'ayant pas réussi à lui faire changer d'avis", a-t-elle dit à l'AFP.

Sami Fehri observe depuis le 18 décembre une grève de la faim dite sauvage, se privant de nourriture mais aussi d'eau.

La Cour de cassation a ordonné sa libération fin novembre, mais le parquet a empêché à deux reprises l'application de cette décision, assurant que la Cour de cassation n'était pas compétente.

M. Fehri est inculpé de complicité de détournement de fonds publics et risque 10 ans de prison dans le cadre d'une affaire de corruption remontant à l'époque du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.

Le patron d'Ettounsiya et ses défenseurs évoquent "un acharnement judiciaire" en représailles à une émission satirique politique diffusée par la chaîne pendant l'été et suspendue, selon M. Fehri, sous la pression de responsables du parti islamiste Ennahda au pouvoir.

Les autorités affirment vouloir "assainir" le secteur des complices du régime déchu, rappelant que M. Fehri était un associé de Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali aujourd'hui en fuite au Canada.

L'affaire a été renvoyée devant la chambre d'accusation pour le 3 janvier.

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