"Si mon équipe estime que je suis la bonne personne pour défier le Président Museveni, je suis prêt à m'en charger", a déclaré à l'AFP le député de 37 ans, de passage à Paris dans le cadre d'une mini-tournée européenne des Pays-Bas à l'Allemagne en passant par le Danemark et la Suède.Plus connu sous son nom d'artiste Bobi Wine, Robert Kyagulanyi s'est fait le porte-parole d'une jeunesse ougandaise qui ne se reconnaît pas dans le régime vieillissant du chef de l'Etat ougandais, âgé de 74 ans et au pouvoir depuis 1986.Cette star de l'afro-beat ougandais a troqué ses dreadlocks pour une coupe courte sous un emblématique béret rouge - "symbole de résistance" - et délaissé les concerts pour l'arène politique.Elevé dans un bidonville de Kampala où il a toujours un bureau, il a été élu député en 2017 avec l'ambition de "donner une voix au peuple", souligne-t-il. "Je viens du ghetto", rappelle l'artiste dont le parcours a trouvé un écho dans un pays où près de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté.Visiblement inquiètes de sa notoriété grandissante, les autorités ont interpellé Bobi Wine à plusieurs reprises. Il a affirmé avoir été battu et torturé par la police lors d'une détention provisoire en août 2018, ce que les autorités démentent.Détenu pendant trois jours fin avril, il a été inculpé dans la foulée pour avoir organisé un rassemblement illégal en 2018. Et se dit muselé par le régime."Ma musique est interdite: je ne peux pas organiser de concert, mes chansons ne peuvent être diffusées ni à la radio ni à la télévision. Je ne peux pas participer à un rassemblement public, pas même à l'Eglise", affirme-t-il."Des grenades ont été lancées sur notre maison à deux reprises, des voitures nous suivent", poursuit sa femme Barbara Itungo Kyagulanyi, dite "Barbie", mère de leurs quatre enfants. "C'est angoissant mais on apprend à vivre avec".- Une "dictature" périmée -Cette tournée européenne permet au chanteur de remonter sur scène, avec des concerts à Amsterdam, Copenhague, Stockholm et Munich. Mais elle a aussi un objectif plus politique: dévoiler le vrai visage de la "dictature militaire" du président Museveni, explique celui qui enchaîne les rendez-vous avec les journalistes."A l'étranger, les gens le considèrent comme un démocrate, mais chez nous, il truque les élections et fait régner la terreur", accuse l'opposant qui dénonce une atmosphère de "peur et d'intimidation" dans son pays.Pour Bobi Wine, les donateurs étrangers devraient y regarder à deux fois avant d'accorder leurs aides financière à l'Ouganda, qui est notamment un pilier de l'Amisom, la force de maintien de la paix de l'Union africaine en Somalie."La France et l'Union européenne donnent beaucoup d'argent à l'Ouganda, pour soutenir son armée qui bien souvent nous brutalise (...) Elles devraient s'assurer qu'elles ne sponsorisent pas la répression que nous subissons". Ancien guérillero, Yoweri Museveni s'accroche au pouvoir: la Constitution a été récemment modifiée pour supprimer la limite d'âge pour briguer la présidence, l'autorisant ainsi à se présenter pour un sixième mandat en 2021."Toutes les dictatures ont une date de péremption" et "après 33 ans, la dictature de Museveni est très affaiblie", assure Bobi Wine."Nous pensons vraiment que nous pouvons y mettre fin, par une élection et des moyens civilisés", a-t-il ajouté en citant en exemple les récentes alternances politiques en Gambie et en République démocratique du Congo.Mais pour espérer battre M. Museveni dans les urnes, l'opposition doit se rassembler derrière un seul candidat, juge Bobi Wine. Ce dernier déclare ainsi être "en dialogue constant" avec Kizza Besigye, l'opposant historique qui s'est présenté quatre fois en vain aux élections face à M. Museveni. "Je suis convaincu que nous allons nous unir et mettre un terme à la dictature".Et de conclure: "Nous sommes du bon côté de l'histoire".
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