"Venir au match et à l'entraînement en vélo me permet de faire de l'exercice", lance le joueur qui a bien aidé le Sporting Toulon à remonter en National 1.
"Et puis c'est un peu par superstition aussi", explique-t-il à l'AFP.Une méchante entorse du genou l'avait arrêté trois mois, pédaler lui fait du bien, et, depuis, "ça me réussit", sourit-il: Toulon n'a plus perdu depuis son retour en janvier.
"C'est le seul international du club et il arrive au stade en vélo", rigole le président du SCT, Claude Joye.
"Mama sait d'où il vient", une petite ville du nord musulman du Bénin, Parakou, où il est né il y a 23 ans, "et il n'a pas perdu ses valeurs, salue le dirigeant.Il est humble, c'est un modèle".
C'est aussi un grand timide.Son partenaire au milieu, Kenny Moulet, raconte: "Quand il est arrivé en début de saison, on pensait qu'il ne savait dire qu'un seul mot: oui.Il répondait oui à toutes les questions.Puis quand il a vu qu'on était une vraie famille, il s'est ouvert à nous".
- "Tu dois d'abord te cacher" -
"Quand tu es nouveau dans un groupe, tu dois d'abord te cacher, explique Mama Seibou, montrer la qualité de ton travail.Après tu peux faire savoir qui tu es et commencer à parler."
Pour l'entraîneur de Toulon, Fabien Pujo, le jeune béninois avait besoin "d'un temps d'adaptation, il n'avait jamais joué en Europe, il a fallu qu'il assimile.Mais il écoute beaucoup, il absorbe".
Seibou à "une capacité athlétique au-dessus de la moyenne, poursuit son coach.A l'heure de jeu, Mama ressort".
Son binôme Kenny Moulet le décrit comme "un joueur d'équipe, qui se bat pour les autres, court énormément sur le terrain et récupère beaucoup de ballon".
La perle a été découverte par un recruteur sillonnant la région, Faouzi Djedou, qui travaille beaucoup pour les Chamois Niortais, où il a placé deux autres titulaires des Écureuils, le gardien Saturnin Allagbe et un autre milieu, David Djigla.
"J'ai repéré Mama avec les U20 du Bénin, en stage au pôle Espoirs d'Aix-en-Provence, lors d'un match contre Marseille Consolat (alors en National, ndlr)", raconte le scout.
La première année, il a essayé de le placer au Pontet, la suivante à Martigues, à chaque fois il y avait un problème de visa."Il fallait le +passeport talent+, pour un sportif professionnel ou pour un contrat fédéral", explique Djedou.
- "Le Ngolo Kanté du Bénin" -
Claude Joye, a été plus réactif, il a aidé Mama à faire ses papiers.
"Faouzi m'a dit: +C'est un phénomène, il faut absolument le prendre, c'est le Ngolo Kanté du Bénin+", se souvient le président de Toulon.
Seibou n'avait connu que des clubs béninois, les Buffles du Borgou, à Parakou, puis l'US Sèmè-Kraké et l'ASPAC, le club du Port de Cotonou, la capitale.
Pour Jordan Adéoti, capitaine de l'AJ Auxerre et partenaire de Seibou avec les Écureuils, Mama a le niveau pour aller plus haut."Il n'a rien à envier aux joueurs de Ligue 2 que je croise tous les week-ends", dit l'Auxerrois.
Il est "très combatif" et "ne se cache jamais.Il est toujours là pour décrocher, pour demander, pour essayer d'organiser", ajoute Adéoti.
En une dizaine de sélections, il s'est imposé et a joué le match décisif contre le Togo (2-1), "un grand souvenir, se souvient-il, le stade de l'Amitié était plein, le pays ne s'était pas qualifié depuis 2010 à la CAN".
Mama Seibou devrait la découvrir à Ismaïlia le 25 juin, contre le Ghana.Il a prolongé pour deux ans à Toulon, mais n'est peut-être qu'au début de son ascension.
"Je ne suis pas arrivé, tempère-t-il, modeste, je viens de commencer, il faut que je bosse encore très dur pour arriver" au bout de ses rêves.Il irait même à vélo.
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