Afrique du Sud: remise des conclusions d'un rapport accablant sur la corruption d'Etat pendant l'ère Zuma

Les conclusions d'un rapport accablant sur la corruption d'Etat en Afrique du Sud pendant l'ère Zuma (2009-2018), résultat de quatre ans d'enquête, ont été remises mercredi au président Cyril Ramaphosa, qui doit maintenant décider d'éventuelles poursuites judiciaires.

AFRICA RADIO

22 juin 2022 à 19h51 par AFP

"Ce rapport est l'occasion de rompre de manière décisive avec l'ère de la capture de l'Etat", nom donné dans le pays aux années de corruption généralisée, a déclaré M. Ramaphosa lors de la remise officielle à Pretoria. Le chef d'Etat a indiqué qu'il annoncera dans quatre mois au Parlement sa décision de suivre ou non les recommandations de la commission. Le juge Zondo a déjà réclamé des poursuites contre plus de 130 personnes dont d'anciens ministres. L'ex-président Jacob Zuma, en liberté conditionnelle après avoir été condamné à quinze mois de prison pour avoir refusé de témoigner devant la commission d'enquête mise sur pied en 2018, est accusé d'avoir organisé le pillage des caisses de l'Etat au profit d'un cercle de politiciens et de puissants hommes d'affaires d'origine indienne, les frères Gupta. Plus de 300 témoins ont été entendus, près de 1.500 personnes mises en cause par la commission dont le rapport final compte plus de 5.000 pages. Le premier volume a été publié en janvier. M. Ramaphosa, successeur de M. Zuma, a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille. Il a toutefois lui aussi été appelé à témoigner devant la commission. Il avait estimé à plus de 30 milliards d'euros (500 milliards de rands) les montants détournés. Les conclusions du rapport surviennent alors que le président est dans la tourmente, après des accusations de corruption autour d'une embarrassante affaire de cambriolage datant de 2020 dans une de ses propriétés, au cours duquel d'importantes sommes d'argent en liquide ont été trouvées cachées dans du mobilier. Le chef d'Etat, qui cherche à être investi par le parti au pouvoir, l'ANC, pour briguer un nouveau mandat à la présidentielle de 2024, a dénoncé des "sales coups". Ces conclusions arrivent également quelques semaines après l'arrestation début juin à Dubai de deux des frères Gupta, au coeur du scandale. La richissime famille est accusée d'avoir infiltré le sommet de l'Etat grâce à sa longue amitié avec M. Zuma: influence sur les choix de ministres, pressions pour empocher des contrats publics, pillage des entreprises publiques (électricité, transports, aviation), avant de prendre la fuite. Une demande d'extradition est en cours.