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France: neuf ans de prison pour l'agression mortelle d'un Guinéen

Un homme schizophrène a été condamné vendredi à neuf ans de prison pour des coups mortels sur un chercheur guinéen en 2019 à Rouen, dans le nord-ouest de la France, et des insultes racistes, alors que la défense avait plaidé son irresponsabilité pénale.

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16 septembre 2022 à 17h36 par AFP

La cour criminelle a décidé d'une peine moindre que celle demandée par l'avocate générale Marion Meunier, qui avait requis 12 ans de réclusion contre cet homme de 32 ans, hospitalisé en unité pour malade difficiles (UMD) depuis son arrestation. "Il n'y a pas d'hallucination auditive qui apparaisse dans le dossier au moment des faits et qui permettrait d'aller vers une abolition du discernement", a estimé Mme Meunier. Pour elle, comme pour la cour, le discernement de l'accusé, schizophrène et sous curatelle renforcée depuis 2013, était altéré le 19 juillet 2019 et non aboli, contrairement à ce que plaidait la défense. Ce jour-là, à Canteleu, dans la banlieue de Rouen, Mamoudou Barry, un chercheur guinéen de 31 ans, était descendu calmement de sa voiture pour tenter de comprendre les "insultes racistes" que venait de proférer l'accusé, a expliqué la magistrate. "Vous les noirs, vous êtes des fils de pute, on va vous niquer ce soir", avait lancé, selon la jeune veuve, l'accusé, faisant référence à la finale Sénégal/Algérie de la coupe d'Afrique des nations de football qui se jouait ce soir-là. Cet homme en rupture de soin avait alors "frappé fort" l'universitaire, y compris quand il "se retrouve au sol" et "il y a bien des insultes racistes proférées avant et après l'agression", a poursuivi la magistrate, qualifiant les faits d'"agression purement gratuite". Il "n'a laissé aucune chance à la victime", a martelé Mme Meunier. Mamoudou Barry, père d'une enfant de deux ans, est décédé le lendemain des suites de ses blessures. Vendredi, l'accusé, encadré de trois infirmiers, est demeuré comme le plus souvent au cours de ce procès, le regard vide. La défense avait demandé à la cour de déclarer irresponsable pénalement ce Français d'origine Turque, en s'appuyant sur une "hésitation" de l'expert-psychiatre entre altération et abolition du discernement. "En juillet 2019 on sait qu'il n'y a plus aucun soin. Ce n'est pas anodin", a argumenté Me Herveline Demerville. Lorsque l'accusé, qui souffre de "schizophrénie paranoïde", "a la conviction d'être insulté alors que ce n'est pas vrai, on ne peut plus envisager qu'il ait son libre arbitre", a poursuivi l'avocate. Pour la défense, seule "l'UMD peut permettre sa prise en charge médicale pour interrompre ses conduites violentes. Il ne peut rejoindre un univers carcéral normal". L'agression de Mamoudou Barry avait suscité de vives réactions en France et en Guinée. Des milliers de Guinéens avaient assisté à son inhumation dans son village natal le 5 août 2019.