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L'émissaire ukrainien à la Ligue arabe après le Russe Lavrov

L'envoyé spécial ukrainien pour le Moyen-Orient, Maksym Subkh, a accusé jeudi Moscou d'empêcher les livraisons de blé ukrainien au Moyen-Orient devant la Ligue arabe, qui avait récemment reçu en grandes pompes le chef de la diplomatie russe Sergeï Lavrov.

AFRICA RADIO

11 août 2022 à 15h21 par AFP

Fin juillet, M. Lavrov s'était voulu rassurant au siège de la Ligue au Caire au sujet de la sécurité alimentaire dans la région. Jeudi, M. Subkh a rétorqué que l'augmentation mondiale du prix des denrées alimentaires était "un résultat direct de l'agression russe". "L'Ukraine a plus de 20 millions de tonnes de céréales prêtes à l'exportation vers les pays arabes et africains" mais qui sont "bloquées (...) à cause du blocus imposé par la Russie", a-t-il déclaré. Un accord signé fin juillet à Istanbul entre Moscou et Kiev sous l'égide de l'ONU a mis en place des "couloirs sécurisés" pour la circulation en mer Noire des navires marchands, mais aucun navire ukrainien n'est encore arrivé au Moyen-Orient depuis. L'accord doit permettre d'exporter 20 à 25 millions de tonnes de céréales bloquées en Ukraine et de faciliter les exportations agricoles russes, réduisant ainsi le risque d'une crise alimentaire dans le monde. Si pour M. Lavrov, "la crise a été aggravée par les sanctions occidentales illégales contre la Russie", pour M. Subkh ces mesures de rétorsion sont "l'unique moyen capable de ramener la Russie à la raison". L'émissaire ukrainien a également mis en garde les pays arabes contre "l'ingérence russe dans (leurs) affaires régionales", accusant la Russie d'y "envoyer ses mercenaires" pour planifier des "coups d'Etat" afin de "piller les richesses de ces pays". Dépendantes des céréales ou des armes russes, la plupart des capitales arabes n'ont jusqu'ici pas pris position sur le conflit en Ukraine, soucieuses de ménager Moscou sans toutefois se mettre à dos les Etats-Unis, qui ont pris fait et cause pour Kiev. Seule la Syrie --toujours suspendue de la Ligue arabe depuis la guerre dans laquelle Moscou soutient le régime-- a reconnu l'indépendance des républiques séparatistes prorusses. Kiev et Damas ont ensuite rompu leurs relations car, a accusé M. Subkh jeudi, la Syrie "légitime l'occupation illégale de la Russie".