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"Les frontières tuent": plusieurs manifestations en Espagne pour protester après le drame de Melilla

Plusieurs manifestations ont eu lieu dans diverses villes d'Espagne vendredi soir pour protester après le drame de Melilla qui a coûté la vie à au moins 23 migrants africains ayant tenté de pénétrer le 24 juin dans l'enclave espagnole au Maroc.

AFRICA RADIO

1er juillet 2022 à 21h06 par AFP

A Barcelone (nord ouest), Malaga (sud), Vigo, Saint-Sébastien ou La Corogne (nord est) ou dans la ville même de Melilla où s'est déroulée la tragédie, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à l'appel de nombreux collectifs qui voulaient dénoncer "les politiques migratoires, matérialisées dans la brutalité policière et la militarisation des frontières". Au moins 23 personnes, dont une grande partie étaient soudanaises, ont péri, selon les autorités marocaines, lorsque quelque 2.000 migrants ont tenté de franchir la haute clôture grillagée séparant Melilla de la ville frontalière marocaine de Nador (nord). Ce drame, le plus meurtrier jamais enregistré aux frontières entre le Maroc et Ceuta et Melilla, les seules frontières de l'UE sur le continent africain, a provoqué l'indignation internationale, et notamment des propos d'une sévérité rare de la part de l'ONU, ainsi que l'ouverture de trois enquêtes (deux en Espagne, une au Maroc). Mais les ONG affirment que le bilan est encore plus lourd et évoquent "au moins 37 migrants" tués. A Madrid, plusieurs centaines de personnes ont repris les slogans du mouvement "Black Lives Matter" et scandé des slogans comme "Aucun être humain n'est illégal", "Les anti-racistes sont là" ou encore "Union européenne, responsable criminelle" et brandi des pancartes "Les frontières tuent". "Ce pays me fait honte", lâche Carmen Reco, 77 ans venue après cette "injustice qui a donné lieu à l'assassinat de migrants parce qu'ils essayaient d'entrer en Espagne". Renzo Rupay, qui travaille dans les transports, a été choqué par "les images de la frontière": "Moi aussi je suis migrant, arrivé avec des papiers enfant. Tout le monde n'a pas la possibilité d'arriver légalement en Espagne", explique le jeune homme de 28 ans, énervé que Madrid "rejette la faute" sur des pays comme le Maroc. "Ce n'est pas normal qu'autant de gens meurent. On parle de vies humaines, de gens qui fuient la guerre, et on les tue à la frontière", surenchérit Eva Ruiz, une étudiante de 24 ans. Selon Rabat, les victimes ont péri "dans des bousculades et en chutant" du haut de la grille métallique qui sépare le Maroc de Melilla, lors d'un "assaut marqué par l'usage de méthodes très violentes de la part des migrants". Mais des images étaient rapidement apparues, montrant "des corps jonchant le sol dans des mares de sang, des membres des forces de sécurité marocaines (...) frappant des gens et des membres de la Garde civile espagnole tirant des gaz lacrymogènes sur des hommes accrochés à des grillages", selon l'ONG Human Rights Watch (HRW).