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Manifestations réprimées au Tchad: une ONG dénonce "tortures" et "exécutions"

L'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a accusé lundi le pouvoir au Tchad de "graves violations des droits humains" lors de manifestations violemment réprimées qui ont fait une cinquantaine de morts jeudi, et ont saisi l'ONU de cas de "tortures" et "exécutions sommaires".

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24 octobre 2022 à 19h21 par AFP

L'opposition avait appelé à manifester contre le régime du jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, qui venait de prolonger de deux ans une période de transition vers des élections, sur proposition d'un forum national boycotté par une grande partie de l'opposition, de la société civile et de la rébellion armée. Et ce, 18 mois après avoir été proclamé président - alors à la tête d'une junte militaire - pour remplacer son père Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles. Le gouvernement de transition a reconnu la mort d'une cinquantaine de personnes le 20 octobre, dont une dizaine de membres des forces de l'ordre luttant, selon lui, contre une violente "insurrection". Des sources médicales et des ONG avaient dénombré des dizaines de manifestants tués par balles et des centaines de blessés, à N'Djamena et plusieurs autres villes. "Suites aux graves violations des droits humains qui viennent d'ensanglanter le Tchad", l'OMCT, basée à Genève, assure dans un communiqué avoir saisi, aux côtés de deux ONG tchadiennes, "quatre rapporteurs spéciaux des Nations unies", dont "le défenseur des droits humains" et ceux en charge des "exécutions sommaires et la torture". Pour "demander d'urgence (...) des enquêtes indépendantes et impartiales afin que les auteurs soient identifiés, jugés et sanctionnés". L'opposition avait appelé à des manifestations pacifiques pour réclamer la fin immédiate de la transition et le retour du pouvoir aux civils par des élections, tandis que le gouvernement l'a accusée d'avoir fomenté une tentative de "coup d'Etat par une insurrection armée", par l'intermédiaire de "1.500 jeunes formés récemment à la guérilla urbaine", sans plus de détails. L'OMCT évoque, elle, au moins "80 morts" dans un "bilan provisoire" à N'Djamena et à Moundou, Doba, Koumra et Bebedjia, quatre villes du sud. "Des corps de manifestants tués ont été repêchés dans le fleuve Chari à N'Djamena ce week-end", "des salles de classe du lycée communal d'Abena ont été transformées en prison" dans la capitale et "des jeunes gens y auraient été exécutés sommairement ce matin-même", accuse l'OMCT lundi, qui évoque aussi des "centaines de manifestants arrêtés, parfois torturés". Union africaine (UA) et Union européenne (UE) ont "condamné fermement" la répression des manifestations par les forces de l'ordre et, pour la seconde, de "graves atteintes aux libertés d'expression et de manifestation". La France, allié-clé de N'Djamena, a "condamné" les "violences et l'utilisation d'armes létales contre les manifestants".