Jean Claude Naimro du groupe Kassav rend hommage a Jacob Desvarieux

La libre antenne du vendredi

Le Soudan va remettre à la CPI Béchir, recherché pour "génocide" au Darfour

Soudan: des avocats de Béchir et de ses co-accusés quittent le procès

Soudan: le procès de Béchir une nouvelle fois reporté, au 15 septembre

Omar el-Béchir, l'autocrate déchu derrière les barreaux

Soudan: Béchir jugé pour coup d'Etat, risque la peine de mort

Omar el-Béchir, l'autocrate déchu à l'heure du bilan

Au Darfour, la remise de Béchir à la CPI réjouit les habitants

Dans l'immense camp de Kalma, au Darfour, les déplacés de cette région de l'ouest du Soudan ont appris avec joie la décision prise par Khartoum de remettre à la Cour pénale internationale (CPI) le président déchu, Omar el-Béchir.

Chass&eacute; du pouvoir en avril 2019 &agrave; la suite d'un soul&egrave;vement populaire, l'ex-autocrate est accus&eacute; depuis 2009 par la CPI de g&eacute;nocide, de crimes&nbsp;de guerre et contre l'humanit&eacute; lors du conflit au Darfour.
Alors qu'il &eacute;tait toujours parvenu jusque l&agrave; &agrave; se soustraire aux mandats d'arr&ecirc;ts, les nouvelles autorit&eacute;s de transition ont annonc&eacute; vouloir remettre l'ex-pr&eacute;sident au tribunal de La Haye, o&ugrave; il doit &ecirc;tre jug&eacute;.
"Tout le monde s'est r&eacute;jouit lorsqu'on a entendu que B&eacute;chir serait remis &agrave; la CPI", confie &agrave; l'AFP Adam Ali, qui vit depuis de nombreuses ann&eacute;es dans le camp de Kalma, situ&eacute; pr&egrave;s de Nyala, la capitale du Sud-Darfour.
Comme lui, les habitants de cette r&eacute;gion endeuill&eacute;e par le conflit --plus de 300.000 morts et environ 2,5 millions de d&eacute;plac&eacute;s selon l'ONU-- ont longtemps exig&eacute; que M. B&eacute;chir soit remis &agrave; la CPI.
Le conflit a &eacute;clat&eacute; en 2003, lorsque des insurg&eacute;s de minorit&eacute;s ethniques se soul&egrave;vent contre le r&eacute;gime de Khartoum, aux mains de la majorit&eacute; arabe, l'accusant de marginaliser le Darfour, vaste r&eacute;gion recouvrant cinq Etats.
Pour &eacute;craser la r&eacute;bellion, le gouvernement de M. B&eacute;chir d&eacute;ploie alors une milice appel&eacute;e les Janjawid, qui sera accus&eacute;e par de nombreuses ONG d'&eacute;puration ethnique et de viols collectifs.
Depuis, des milliers de ces ex-miliciens ont &eacute;t&eacute; int&eacute;gr&eacute;s dans les rangs des "Forces de soutien rapides" (RSF), une force paramilitaire dirig&eacute;e par Mohamed Hamdan Daglo dit "Hemedti", d&eacute;sormais membre du Conseil souverain, organe form&eacute; de civils et de militaires charg&eacute; d'assurer la transition post-B&eacute;chir.

- "Victoire" -

A l'issue de longs pourparlers avec les groupes rebelles --notamment ceux du Darfour--, le premier gouvernement post-B&eacute;chir, en place depuis le 8 septembre, a pris la d&eacute;cision de remettre l'ancien pr&eacute;sident &agrave; la CPI.
Pour Yakoub Mohamed, un responsable au Darfour, cette d&eacute;cision est une "victoire pour les victimes" et pourrait contribuer &agrave; "restaurer la confiance" entre la r&eacute;gion et la capitale.
Dans le camp de Kalma, Hassan Issac, un d&eacute;plac&eacute; de 72 ans, se dit lui aussi "soulag&eacute;", mais pr&eacute;vient: "si B&eacute;chir et ses bras droits ne sont pas remis &agrave; la CPI, la paix ne pourra jamais s'installer au Darfour."
Trois proches de l'ex-autocrate --l'ancien secr&eacute;taire d'Etat &agrave; l'Int&eacute;rieur, l'ancien ministre de la D&eacute;fense et de l'Int&eacute;rieur, et l'ex-chef des milices Janjawid-- seront &eacute;galement remis &agrave; la Cour, mais aucun calendrier n'a &eacute;t&eacute; &eacute;tabli concernant leur remise et celle de l'ex-pr&eacute;sident.
Les conditions de "remise de M. B&eacute;chir (...) seront n&eacute;goci&eacute;es avec la CPI et les groupes arm&eacute;s", a indiqu&eacute; &agrave; l'AFP le porte-parole du gouvernement, Fay&ccedil;al Mohamed Saleh.

- Parvenir &agrave; la paix -

Les ONG, comme Amnesty International, plaident quant &agrave; elles pour un transfert rapide de M. B&eacute;chir.
Depuis sa destitution, M. B&eacute;chir est incarc&eacute;r&eacute; &agrave; Khartoum, o&ugrave; il a &eacute;t&eacute; condamn&eacute; en d&eacute;cembre &agrave; une peine de deux ans en institution p&eacute;nitentiaire pour "corruption".
Souhaitant rompre avec l'ancien r&eacute;gime, le nouveau gouvernement a entre autres promis de parvenir &agrave; la paix dans les zones de conflit au Soudan.
D&eacute;but janvier, le Premier ministre Abdallah Hamdok s'est rendu dans un bastion rebelle, l'Etat du Kordofan-Sud, la premi&egrave;re visite du genre d'un responsable gouvernemental en pr&egrave;s d'une d&eacute;cennie.
Et l'annonce de la remise de M. B&eacute;chir marque une nouvelle &eacute;tape dans le processus de paix, estiment les d&eacute;plac&eacute;s du camp de Kalma.
"Nous avons &eacute;t&eacute; soulag&eacute;s lorsqu'il est tomb&eacute; mais d&eacute;sormais, nous pouvons enfin commencer &agrave; nous remettre de la guerre", assure l'un d'entre eux, Jamel Mohamed.