Des propos qui passent mal à Dakar
Les autorités sénégalaises ont vivement réagi, lundi 15 décembre, à des déclarations de l’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages. En cause : ses propos concernant Madiambal Diagne, patron de presse sénégalais et critique du pouvoir, poursuivi dans son pays pour des transactions financières suspectes et actuellement réfugié en France.
Face aux interrogations soulevées par la demande d’extradition de @MadiambalD, l’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages, a rappelé sur @Radio_Senegal l’attachement de Paris au strict respect des procédures judiciaires, soulignant que la décision relève exclusivement… pic.twitter.com/x2FxIqlpDB
— RTS SENEGAL (@RTS1_Senegal) December 14, 2025
Dans une interview accordée la veille à la radio publique sénégalaise RTS, la diplomate française avait affirmé que M. Diagne était poursuivi pour des faits « délictuels et non criminels », établissant une distinction avec d’autres demandes d’extradition formulées par Dakar, liées selon elle à « des crimes de sang ou des trafics en lien avec la criminalité internationale ».
Le Sénégal accuse Paris de freiner les extraditions
Dans un communiqué publié lundi, le ministère sénégalais de la Justice a estimé que cette prise de position pouvait être interprétée comme « un jugement de valeur regrettable ». Dakar reproche à Paris de refuser l’extradition de deux ressortissants sénégalais réfugiés en France : Madiambal Diagne et un homme d’affaires, tous deux accusés de « faits graves de corruption et de détournement de deniers publics ».
Selon les autorités sénégalaises, relativiser la gravité de ces accusations remettrait en cause « les principes universels de bonne gouvernance et de transparence » et pourrait être perçu comme « une forme d’ingérence » dans une affaire jugée d’importance majeure par Dakar.
A lire aussi et écouter : Extradition de Madiambal Diagne : “C’est un règlement de comptes politique” selon le patron de presse sénégalais.
Une justice française « indépendante », selon l’ambassadrice
Face aux critiques, Christine Fages a rappelé que les dossiers des deux ressortissants sénégalais sont actuellement entre les mains de la justice française, qu’elle qualifie d’« indépendante ». Elle a souligné qu’« à ce stade, personne n’a à refuser l’extradition », insistant sur le fait que l’État français ne peut agir sans décision judiciaire. Le 25 novembre, la justice française a d’ailleurs reporté à février sa décision concernant l’extradition de Madiambal Diagne, demandant un « supplément d’information », notamment sur la procédure et le cadre juridique en vigueur au Sénégal.
Une suspension des extraditions en toile de fond
Le différend intervient dans un contexte déjà tendu : le 11 novembre, le Sénégal avait annoncé la suspension de toute extradition vers la France, accusant Paris de bloquer ses demandes.
Malgré cette crispation diplomatique, le ministère sénégalais de la Justice assure qu’il transmettra à nouveau aux autorités françaises les informations requises, bien que celles-ci aient déjà été officiellement communiquées, dans l’espoir de faire avancer les procédures.
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