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Burkina Faso: l'ombre de Blaise Compaoré plane sur l'élection présidentielle

Six ans après sa fuite vers l'exil, l'ombre de l'ex-président burkinabè Blaise Compaoré plane sur l'élection présidentielle de dimanche au Burkina Faso, où beaucoup souhaitent la "réconciliation" et le retour de la "paix". 

"A chaque discours, &agrave; chaque sortie des candidats, il y a le nom de Blaise Compaor&eacute; qui revient" &agrave; cause de la "nostalgie" d'un temps o&ugrave; il y avait une "certaine tranquillit&eacute; et paix", estime Mahamoudou Savadogo, sp&eacute;cialiste des questions de s&eacute;curit&eacute; au Sahel.
Interdit d'&eacute;lection en 2015, le Congr&egrave;s pour la d&eacute;mocratie et le progr&egrave;s (CDP), le parti de Compaor&eacute;, pr&eacute;sente un candidat cette ann&eacute;e, Eddie Kombo&iuml;go, un expert-comptable &agrave; la fortune r&eacute;put&eacute;e colossale, pr&eacute;sent&eacute; comme un s&eacute;rieux outsider au favori, le pr&eacute;sident Roch Marc Christian Kabor&eacute;.
Sous les casquettes et stickers en vente devant le QG de Kombo&iuml;go dans le centre de Ouagadougou, on trouve vite en farfouillant des chemises &agrave; l'effigie de l'ancien pr&eacute;sident, chass&eacute; en 2014 par une insurrection populaire apr&egrave;s 27 ans de pouvoir.
"Il est toujours l&agrave;, il regarde d'un oeil attentif les affaires du pays", assure en souriant un militant du CDP.
Le "Beau Blaise", comme il &eacute;tait surnomm&eacute; dans sa jeunesse, vit depuis six ans en exil en C&ocirc;te d'Ivoire voisine, et ses partisans esp&egrave;rent son retour.
Car depuis sa fuite, le d&eacute;mant&egrave;lement du R&eacute;giment de s&eacute;curit&eacute; pr&eacute;sidentiel, unit&eacute; d'&eacute;lite de l'arm&eacute;e qui a foment&eacute; un pustch rat&eacute; en 2015, et l'arrestation du g&eacute;n&eacute;ral Gilbert Diend&eacute;r&eacute;, bras droit de Compaor&eacute; et consid&eacute;r&eacute; comme le chef des services secrets, le Burkina n'a fait que s'enfoncer dans une crise s&eacute;curitaire sans pr&eacute;c&eacute;dent, min&eacute; par les attaques de groupes jihadistes.&nbsp;

- "r&eacute;conciliation nationale" -

Au "pays des hommes int&egrave;gres", le bilan des attaques jihadistes, parfois m&ecirc;l&eacute;s de conflits intercommunautaires, est tr&egrave;s lourd : 1.200 morts, dont beaucoup de civils, et un million de d&eacute;plac&eacute;s en cinq ans.Des pans entiers du pays ne sont plus v&eacute;ritablement contr&ocirc;l&eacute;s par l'Etat.
Alors certains Burkinab&egrave; regrettent la stabilit&eacute; r&eacute;volue du r&eacute;gime Compaor&eacute;, quitte &agrave; oublier les d&eacute;rives autoritaires et la corruption -- comme leurs voisins Maliens quand ils &eacute;voquent l'ancien pr&eacute;sident autoritaire Moussa Traor&eacute;, ou les Centrafricains l'empereur Bokassa.
Le CDP a fait de cet h&eacute;ritage un de ses principaux arguments de campagne : "Sous Blaise Compaor&eacute;, la paix &eacute;tait une r&eacute;alit&eacute;, le bonheur &eacute;tait partag&eacute;", mart&egrave;le Salifou Sawadogo, ancien ministre mis en cause par la justice dans le putsch manqu&eacute; de 2015, et d&eacute;sormais candidat &agrave; la d&eacute;putation sous les couleurs du parti aux l&eacute;gislatives coupl&eacute;es &agrave; la pr&eacute;sidentielle dimanche.
Les partis d'opposition, dont celui de son chef de file Z&eacute;phirin Diabr&eacute;, plaident quasiment tous pour un retour en gr&acirc;ce de l'ancien pr&eacute;sident, au nom de la "r&eacute;conciliation nationale".
"La fin de son r&eacute;gime a &eacute;t&eacute; vu comme un &eacute;v&eacute;nement qui a cr&eacute;&eacute; une fracture sociale et politique" au Burkina Faso, explique &agrave; l'AFP M. Diabr&eacute;, un des favoris du scrutin."Alors c'est "normal" qu'on parle autant de lui durant cette campagne, "d&egrave;s lors qu'on parle de r&eacute;conciliation nationale".

- le cas Compaor&eacute; -

Une large majorit&eacute; de la classe politique burkinab&egrave; a fait ses armes sous le r&eacute;gime Compaor&eacute; ; beaucoup &eacute;taient dans son camp presque jusqu'au bout, &agrave; commencer par le pr&eacute;sident &nbsp;Kabor&eacute;.
En meeting &agrave; Ziniar&eacute;, fief de Compaor&eacute;, &agrave; 35 kilom&egrave;tres de la capitale, il a lui aussi &eacute;voqu&eacute; le sort de son pr&eacute;d&eacute;cesseur, mais avec une &eacute;vidente r&eacute;serve.&nbsp;
"Tous ceux qui sont &agrave; l'ext&eacute;rieur peuvent revenir au pays, ceux qui n'ont pas de probl&egrave;me en justice n'ont rien &agrave; craindre", a-t-il dit.Mais "il faut qu'on pr&eacute;pare les choses pour que tout soit clair pour tout le monde avant qu'il ne revienne dans son pays", a-t-il ajout&eacute; &eacute;voquant le cas Compaor&eacute;.
L'ex-chef d'Etat est poursuivi par la justice burkinab&egrave; pour pour &nbsp;"attentat &agrave; la s&ucirc;ret&eacute; de l&rsquo;&Eacute;tat" et "assassinat" dans le cadre de la mort du pr&eacute;sident Thomas Sankara, tu&eacute; lors d'un coup d'Etat en 1987, &agrave; l'issue duquel Compaor&eacute; avait pris le pouvoir.Il est aussi poursuivi pour "homicide" dans le cadre de la r&eacute;pression des manifestations de 2014 ayant abouti &agrave; sa chute.
Ayant obtenu la nationalit&eacute; ivoirienne, M. Compaor&eacute; ne peut pas &ecirc;tre extrad&eacute;.&nbsp;
Faut-il tout pardonner pour retrouver l'unit&eacute; nationale qui fait d&eacute;faut au Burkina Faso ? Les avis sont partag&eacute;s.
"Que ceux qui doivent r&eacute;pondre devant la loi r&eacute;pondent devant la loi !", estime Mathias Zigani, 59 ans, un militant de Z&eacute;phirin Diabr&eacute;.
"Quand on parle de r&eacute;conciliation nationale, pourquoi on parle de justice ? Le pr&eacute;sident Kabor&eacute; peut gracier, et la vie continue", plaide de son c&ocirc;t&eacute; Narcisse Compaor&eacute;, du mouvement pour le retour des exil&eacute;s politiques au Burkina Faso.

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