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Burundi: plus de 140.000 personnes tuées ou portées disparues depuis 1962

Plus 140.000 personnes tuées ou portées disparues lors des différentes crises qui ont endeuillé le Burundi depuis son indépendance en 1962 ont déjà été identifiées, a annoncé mardi la Commission vérité et réconciliation (CVR), en insistant sur le fait qu'il s'agissait d'un chiffre provisoire.

<p>"Aujourd'hui, la CVR a d&eacute;j&agrave; identifi&eacute; provisoirement 142.505 personnes tu&eacute;es ou port&eacute;es disparues dans les diff&eacute;rentes trag&eacute;dies que notre pays a travers&eacute;es. Il s'agit de personnes dont nous avons identifi&eacute; les noms et la provenance en partant de la province, la commune, la colline ou le quartier", a annonc&eacute; Pierre-Claver Ndayicariye, le pr&eacute;sident de la CVR, en pr&eacute;sentant un "rapport d'&eacute;tape" devant le Parlement r&eacute;uni en congr&egrave;s &agrave; Bujumbura."Cette liste provient des r&eacute;v&eacute;lations recueillies lors de d&eacute;positions faites volontairement aupr&egrave;s de la CVR, mais il y a de nombreux autres t&eacute;moins qui n'ont pas encore pu t&eacute;moigner", a-t-il soulign&eacute;."Ces listes sont provisoires, car il faudrait qu'on enqu&ecirc;te pour les confirmer d&eacute;finitivement", a-t-il ajout&eacute;, qualifiant d'"immense" la t&acirc;che restant &agrave; accomplir.La CVR a d&eacute;j&agrave; recens&eacute; &agrave; ce jour plus de 4.000 fosses communes de diff&eacute;rentes tailles &agrave; travers tout le pays.Entre 250 et 270 corps ont &eacute;t&eacute; d&eacute;terr&eacute;s au cours des trois derniers semaines lors d'une op&eacute;ration fortement m&eacute;diatis&eacute;e &agrave; Kamenge, un quartier populaire de la p&eacute;riph&eacute;rie nord-est de Bujumbura o&ugrave; est n&eacute;e au d&eacute;but de la guerre civile en 1993 l'ex-r&eacute;bellion du CNDD-FDD, aujourd'hui au pouvoir."Nous ne sommes encore qu'au d&eacute;but (de notre mission), car les trag&eacute;dies qui ont endeuill&eacute; le Burundi sont trop nombreuses, et elles ont emport&eacute; beaucoup de personnes et d&eacute;truit de nombreux biens", a pr&eacute;venu M. Ndayicariye.A sa cr&eacute;ation en 2014, la commission avait &eacute;t&eacute; mise en place pour &eacute;tablir la v&eacute;rit&eacute; sur les massacres interethniques ayant frapp&eacute; le Burundi depuis son ind&eacute;pendance en 1962 jusqu'au 4 d&eacute;cembre 2008, date suppos&eacute;e de la fin de la violence arm&eacute;e dans le pays.Le Burundi a connu depuis son ind&eacute;pendance une s&eacute;rie de massacres interethniques, - qui ont culmin&eacute; en 1972 -, et de coups d'Etat, pr&eacute;mices &agrave; une longue guerre civile (1993-2006) ayant fait plus de 300.000 morts.M. Ndayicariye est l'ancien pr&eacute;sident de la commission &eacute;lectorale lors des &eacute;lections controvers&eacute;es de 2010 et 2015. L'opposition et la soci&eacute;t&eacute; civile accusent ainsi la CVR d'&ecirc;tre instrumentalis&eacute;e par le pouvoir &agrave; l'approche des &eacute;lections de mai 2020.Le Burundi est en crise depuis que le pr&eacute;sident Pierre Nkurunziza a annonc&eacute; en avril 2015 sa candidature &agrave; un troisi&egrave;me mandat controvers&eacute;. Il a &eacute;t&eacute; r&eacute;&eacute;lu en juillet de la m&ecirc;me ann&eacute;e.Les violences et la r&eacute;pression qui ont accompagn&eacute; la crise auraient fait au moins 1.200 morts et d&eacute;plac&eacute; plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, selon les estimations de la Cour p&eacute;nale internationale, qui a ouvert une enqu&ecirc;te.</p>