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Le pays ouest-africain de 16 millions d'habitants a enregistr&eacute; environ 16.000 cas et 331 d&eacute;c&egrave;s. Seule une poign&eacute;e de malades sont en soins intensifs, selon le minist&egrave;re de la Sant&eacute;.
Si l'&eacute;pid&eacute;mie avait suivi les courbes de l'Europe, le S&eacute;n&eacute;gal aurait compt&eacute; environ 100 fois plus de morts.
D&egrave;s les premiers cas, le S&eacute;n&eacute;gal a ferm&eacute; ses fronti&egrave;res, ses &eacute;coles et ses mosqu&eacute;es, et impos&eacute; un couvre-feu nocturne, dispositions aujourd'hui lev&eacute;es.Les patients ont &eacute;t&eacute; pris en charge et les cas contacts isol&eacute;s dans des h&ocirc;tels.
Le S&eacute;n&eacute;gal, "c'est l'un des pays mod&egrave;les en termes de mise en oeuvre des mesures de pr&eacute;vention du Covid-19 et ils en ont r&eacute;colt&eacute; les fruits", a r&eacute;cemment reconnu un responsable pour l'Afrique de l'Organisation mondiale de la Sant&eacute; (OMS), Nsenga Ngoy.
Ce sont les "interventions humaines" comme le port du masque ou la distanciation sociale qui ont march&eacute; et continueront &agrave; jouer un r&ocirc;le "capital", insiste-t-il.
Pour Abdoulaye Bousso, un des responsables de la riposte au S&eacute;n&eacute;gal, ce sont effectivement les strat&eacute;gies d'endiguement qui, dans un premier temps au moins, ont permis au syst&egrave;me de sant&eacute; s&eacute;n&eacute;galais de ne pas s'effondrer.
Mais depuis, une "fatigue" s'est install&eacute;e et plus grand monde ne porte le masque.

- Effet des grippes saisonni&egrave;res -

Les S&eacute;n&eacute;galais ont c&eacute;l&eacute;br&eacute; fin juillet la "Tabaski" et, deux mois apr&egrave;s, le "Magal", autre grande f&ecirc;te musulmane brassant les foules.
Or, ces rassemblements n'ont pas d&eacute;clench&eacute; de vagues de contamination, et c'est donc "peut-&ecirc;tre la question de l'immunit&eacute; qu'il faut mettre en avant", estime le Dr Bousso.
"On se rend bien compte qu'en Afrique en g&eacute;n&eacute;ral et au S&eacute;n&eacute;gal en particulier, on n'a pas les morts qu'on aurait d&ucirc; avoir", confirme un sp&eacute;cialiste de terrain, Massamba Sassoum Diop, pr&eacute;sident de l'organisation SOS M&eacute;decins S&eacute;n&eacute;gal.
L'urgentiste avance qu'une "immunit&eacute; crois&eacute;e" a vu le jour au S&eacute;n&eacute;gal. Il l'explique par les infections respiratoires qui s&eacute;vissent r&eacute;guli&egrave;rement &agrave; travers la population en mai-juin et septembre, p&eacute;riodes o&ugrave; les climatisations tournent au maximum.
Relativement b&eacute;nignes, elles sont dues &agrave; quatre types de coronavirus. Les r&eacute;sidents du S&eacute;n&eacute;gal d&eacute;velopperaient donc une immunit&eacute; contre cette famille de virus, qui se serait &eacute;galement montr&eacute;e efficace lorsque le Covid-19 est apparu en mars, estime le Dr Diop.
Le nouveau coronavirus se serait ensuite r&eacute;pandu massivement, d'avril &agrave; ao&ucirc;t, au sein d'une population majoritairement jeune et qui n'a g&eacute;n&eacute;ralement pas d&eacute;velopp&eacute; de sympt&ocirc;mes graves.&nbsp;
Sans faire de bruit, "environ 60% de la population" aurait acquis cette immunit&eacute;, dit-il.
Le fait de vivre en Afrique a jou&eacute; un r&ocirc;le bien plus pr&eacute;&eacute;minent que l'origine ethnique ou la g&eacute;n&eacute;tique, dit-il.&nbsp;

- Corollaire l&eacute;tal ? -

Il en veut pour pour preuve que les populations noires meurent de mani&egrave;re disproportionn&eacute;e en Europe ou aux Etats-Unis, tandis que les Europ&eacute;ens, Libanais ou Chinois vivant au S&eacute;n&eacute;gal meurent beaucoup moins que dans leur pays d'origine.
L'immunit&eacute; crois&eacute;e ou collective a "un support scientifique en virologie et en immunologie".Elle demeure cependant une hypoth&egrave;se non encore prouv&eacute;e, admet-il.
Une &eacute;tude s&eacute;rologique en cours devrait fournir de premi&egrave;res indications sur sa validit&eacute; dans les prochaines semaines, dit-il.
Le ministre de la Sant&eacute;, Abdoulaye Diouf Sarr, se veut plus r&eacute;serv&eacute;.
Si les chiffres sont si bas, "nous pouvons dire sans risque de nous tromper que c'est d&ucirc; &agrave; l'efficacit&eacute; de la riposte parce que l'immunit&eacute; collective ne peut pas &ecirc;tre une strat&eacute;gie de riposte. Si l'immunit&eacute; collective &eacute;tait LA strat&eacute;gie de riposte, le corollaire serait un nombre de morts extr&ecirc;mement important parce qu'on ne ferait rien", temp&egrave;re-t-il.
Pour les sp&eacute;cialistes s&eacute;n&eacute;galais, comme pour l'OMS, pas question en tout cas de c&eacute;der &agrave; l'euphorie qui pointe dans les m&eacute;dias locaux, ne serait-ce que parce qu'on ignore la dur&eacute;e d'une immunit&eacute; si elle existe.
Transposer l'hypoth&egrave;se &agrave; des r&eacute;gions o&ugrave; les populations sont plus &acirc;g&eacute;es et plus &agrave; risque est dangereux."Si on l'applique directement en Europe, c'est 3 ou 4 millions de morts suppl&eacute;mentaires, et aux Etats-Unis, peut-&ecirc;tre 8 ou 10 millions", avertit Massamba Diop.
En attendant, le ministre exhorte &agrave; rester vigilant.Les recherches &agrave; sa disposition laissent penser que le S&eacute;n&eacute;gal sera &eacute;pargn&eacute; par une deuxi&egrave;me vague de contaminations, "mais nous travaillons toujours dans ce qu'on appelle l'hypoth&egrave;se pessimiste".

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