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La pandémie de coronavirus est venue s'ajouter à la liste déjà longue des menaces sanitaires et des conflits armés dans l'Est de la République démocratique du Congo, où les mesures restrictives compliquent un peu plus le travail des humanitaires.

Au total, l'Est de la RDC a enregistr&eacute; 21 cas de Covid-19, soit tr&egrave;s peu par rapport &agrave; la capitale Kinshasa (1.594) &agrave; 2.000 km de l&agrave;.Dans la m&ecirc;me r&eacute;gion, l'&eacute;pid&eacute;mie d'Ebola - dont la fin doit &ecirc;tre d&eacute;clar&eacute;e le 25 juin - a tu&eacute; 2.279 personnes depuis ao&ucirc;t 2018.
"La crise du Covid-19 ne doit pas nous faire oublier les atrocit&eacute;s qui se poursuivent", a pr&eacute;venu mardi le gyn&eacute;cologue Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, lui-m&ecirc;me &agrave; la t&ecirc;te des &eacute;quipes de prise en charge dans le Sud-Kivu.
Pr&egrave;s de 300 civils ont &eacute;t&eacute; massacr&eacute;s depuis mars en Ituri, o&ugrave; les violences d'un groupe arm&eacute; ethnico-mystique ont provoqu&eacute; le d&eacute;placement de 200.000 personnes d'apr&egrave;s l'Agence des Nations unies pour les r&eacute;fugi&eacute;s.
Au Nord-Kivu, 15 personnes ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;es en 48 heures dans la r&eacute;gion de Beni, fief des redoutables Forces d&eacute;mocratiques alli&eacute;es (ADF).
Onze petits groupes arm&eacute;s actifs dans le territoire de Lubero ont bien d&eacute;clar&eacute; lundi "l'arr&ecirc;t imm&eacute;diat des hostilit&eacute;s", mais sans faire allusion au virus."Nous sommes pr&ecirc;ts &agrave; d&eacute;poser les armes", a aussi r&eacute;p&eacute;t&eacute; le chef de guerre Guidon, dans une vid&eacute;o en costume avec un masque.

- Reprise des violences -

Dans le Sud-Kivu, l'arm&eacute;e congolaise observe une "accalmie" dans le conflit entre des communaut&eacute;s locales et les Banyamulenge, des &eacute;leveurs tutsi Congolais aux lointaines origines rwandaises.
Et dans le Tanganyika, la m&ecirc;me arm&eacute;e congolaise est "en alerte" en raison d'un diff&eacute;rend frontalier avec la Zambie.
"Le mois de mars 2020 a &eacute;t&eacute; l'un des mois les moins meurtriers pour les civils depuis le d&eacute;but de nos relev&eacute;s (47 morts enregistr&eacute;s, contre 88 en moyenne)", r&eacute;sume un expert du Barom&egrave;tre s&eacute;curitaire du Kivu (KST), qui traque les violences dans les deux provinces du Kivu depuis 2017.
"Mais depuis, les violences ont repris (85 civils tu&eacute;s) et le nombre d'affrontements en avril est m&ecirc;me plus &eacute;lev&eacute; que la moyenne avec 60 affrontements au cours du mois contre 51 en moyenne", ajoute-t-il.
"Non, les conflits ne s'arr&ecirc;tent pas avec les &eacute;pid&eacute;mies", affirme une porte-parole du Comit&eacute; international de la Croix-rouge, Fatima Sator.

- Sensibiliser par t&eacute;l&eacute;phone -

"L'&eacute;pid&eacute;mie de coronavirus vient s'ajouter &agrave; la longue liste de probl&egrave;mes d&eacute;j&agrave; existants: plusieurs conflits arm&eacute;s, d'autres &eacute;pid&eacute;mies comme la rougeole, le chol&eacute;ra, Ebola, le paludisme, et une tr&egrave;s grande difficult&eacute;s d'acc&egrave;s aux soins pour les populations", r&eacute;sume-t-elle.
"Nous continuons nos actions &agrave; l'Est mais en nous adaptant aux mesures de pr&eacute;vention", ajoute le CICR."Par exemples nous poursuivons nos s&eacute;ances de sensibilisation avec les groupes arm&eacute;s.Avant, nous le faisions lors de rencontres avec les acteurs concern&eacute;s, mais aujourd'hui nous les sensibilisons au t&eacute;l&eacute;phone".
En Ituri, les humanitaires s'inqui&egrave;tent des cons&eacute;quences sanitaires des violences et des d&eacute;placements de populations.
"Je ne pense pas que le Covid-19 soit la premi&egrave;re inqui&eacute;tude pour ces personnes-l&agrave;.Ils ont des abris de fortune, voire pas d'abri du tout, pas de douche, pas assez de latrines" selon Avra Fiala, charg&eacute; de communication de MSF.
"Les violences croissantes ont d&eacute;truit 22 centres de sant&eacute; &agrave; travers la province, an&eacute;antissant des stocks de vaccins et une partie de la cha&icirc;ne du froid.Plus de 160 &eacute;coles ont &eacute;t&eacute; endommag&eacute;es ou pill&eacute;es", selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).
La province du Nord-Kivu a elle-m&ecirc;me r&eacute;tabli mercredi matin des mesures restrictives (isolement et couvre-feu nocturne &agrave; Goma) avec la r&eacute;apparition de nouveaux cas.

- "Les marchandises passent" -

La province du Sud-Kivu a suspendu ce mercredi ses liaisons avec le Nord-Kivu pour les m&ecirc;mes raisons.
Ces mesures avaient &eacute;t&eacute; lev&eacute;es il y a quelques semaines avec la gu&eacute;rison des premiers cas.
Les trois provinces orientales (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu) vivent &agrave; l'heure de la fermeture des fronti&egrave;res avec les pays voisins (Ouganda, Rwanda, Burundi).
Bloqu&eacute;s au Burundi, plusieurs centaines de Congolais ont tout de m&ecirc;me pu rentrer mardi dans leur pays, avant l'&eacute;lection pr&eacute;sidentielle de mercredi dans le "petit pays".
"Les fronti&egrave;res sont ferm&eacute;es pour les personnes, mais les marchandises passent", affirme un responsable de la Direction g&eacute;n&eacute;rale des Migrations (DMG) &agrave; l'un des deux poste-frontaliers avec le Rwanda &agrave; Goma.
Cette importation de marchandises du Rwanda est vitale pour contenir la flamb&eacute;e des prix de la viande &agrave; Bukavu: "Avec la fermeture de fronti&egrave;res, le prix d'une vache avait grimp&eacute; de 500 &agrave; 600 dollars jusqu'&agrave; 800 voire 900 dollars", t&eacute;moigne Dieudonn&eacute; Byaombe, chef de l&rsquo;abattoir Elakat.
"Depuis le 11 mai, nous accueillons par jour trois &agrave; quatre camions remplis de vaches en provenance du Rwanda comme par le pass&eacute;.Nous respirons avec ces mesures d'assouplissement", ajoute-t-il.Une lutte contre la hausse des prix d'autant plus vitale que le franc congolais chute par rapport au dollar (1.900 pour un dollar).

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