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En quatre ans d'exercice comme médecin en Ethiopie, Rediet Libanos n'a utilisé de ventilateur artificiel qu'une seule fois, pour une hémorragie cérébrale il y a quelques mois.

Mais alors que l&rsquo;&Eacute;thiopie se pr&eacute;pare &agrave; une hausse probable dans les prochains jours ou semaines du nombre de personnes affect&eacute;es par le nouveau coronavirus, Rediet et ses coll&egrave;gues acc&eacute;l&egrave;rent leur apprentissage de cet appareil respiratoire, outil indispensable pour les patients les plus gravement touch&eacute;s.
Cette doctoresse de 28 ans et six autres m&eacute;decins ont suivi une remise &agrave; niveau cette semaine &agrave; Addis Abeba&nbsp;pour apprendre &agrave; ma&icirc;triser le volume et la pression d'oxyg&egrave;ne pour les patients dont les poumons sont atteints.
M&ecirc;me si l&rsquo;&Eacute;thiopie n'a fait &eacute;tat que de 29 personnes positives au coronavirus, dont deux dans un &eacute;tat grave, Rediet s'attend &agrave; ce que le pays soit bient&ocirc;t confront&eacute; &agrave; une vague de nouveaux cas, pour lesquels le ventilateur fera la diff&eacute;rence entre la vie et la mort.
"Je serai en premi&egrave;re ligne pour &ccedil;a, donc il faut que je sache utiliser cette machine", explique-t-elle &agrave; l'AFP.
Mais pendant que ses m&eacute;decins apprennent &agrave; s'en servir, l&rsquo;&Eacute;thiopie, comme beaucoup d'autres pays africains, est confront&eacute;e &agrave; un manque cruel de ces respirateurs artificiels dont pourrait d&eacute;pendre sa r&eacute;ponse au coronavirus.
Dans un pays de plus de 100 millions d'habitants, seulement 54 ventilateurs sur un total d'environ 450 ont &eacute;t&eacute; r&eacute;serv&eacute;s aux patients souffrant du coronavirus, selon Yakob Seman, directeur g&eacute;n&eacute;ral des services m&eacute;dicaux au minist&egrave;re de la Sant&eacute;.
En comparaison, l'Etat am&eacute;ricain de New York, l'un des &eacute;picentres actuels de la pand&eacute;mie, a dit avoir besoin de milliers de respirateurs pour une population d'environ 20 millions d'habitants.
Les propres pr&eacute;visions du minist&egrave;re &eacute;thiopien de la Sant&eacute; pr&eacute;voient "un sc&eacute;nario du pire" qui verrait le pays avoir besoin de 1.500 ventilateurs pour le coronavirus d'ici la fin avril.

- P&eacute;nurie mondiale -

La demande mondiale pour ces appareils &eacute;tant actuellement exponentielle, rien ne permet pour l'instant de savoir comment l&rsquo;&Eacute;thiopie parviendra &agrave; combler cette insuffisance, convient M. Yakob.
"Cette p&eacute;nurie m'inqui&egrave;te beaucoup", admet-il."Ce n'est pas &agrave; cause d'un manque de volont&eacute; du gouvernement, mais &agrave; cause d'un manque de ressources."
Le manque de respirateurs n'est pas propre au continent africain, il touche aussi les &Eacute;tats-Unis et les pays europ&eacute;ens, rappelle-t-on &agrave; l'Union africaine (UA), qui a son si&egrave;ge &agrave; Addis Abeba.Mais l'Afrique reste bien plus expos&eacute;e que les autres.
Le Norwegian Refugee Council a rapport&eacute; que la R&eacute;publique centrafricaine ne disposait que de trois ventilateurs, pour 5 millions d'habitants.
L&rsquo;Organisation mondiale de la Sant&eacute; (OMS) conseille aux pays africains de "commencer &agrave; penser &agrave; mobiliser" davantage de respirateurs, selon le Dr Mary Stephen, une responsable de l'OMS en R&eacute;publique d&eacute;mocratique du Congo (RDC).
"Nous n'en produisons pas en Afrique, alors les pays doivent commencer &agrave; collaborer.Est-ce qu'on peut commencer &agrave; discuter avec le secteur priv&eacute;?Est-ce qu'on peut commencer &agrave; parler &agrave; la Chine", sugg&egrave;re-t-elle.
"Ce sont des choses qu'il faut faire avant qu'on n'en arrive au point o&ugrave; nous aurons un large nombre de cas" positifs, pr&eacute;vient-elle.
Mais l'exp&eacute;rience &eacute;thiopienne prouve que trouver des ventilateurs est plus facile &agrave; dire qu'&agrave; faire.

- 'Nous sommes vraiment inquiets' -

Le gouvernement &eacute;thiopien en a command&eacute; un millier en Chine, mais s'est entendu dire qu'il pourrait ne pas tous les recevoir d'un coup et pourrait devoir se contenter de 250 ce mois-ci, dit M. Yacob.
Un g&eacute;rant d'une soci&eacute;t&eacute; contract&eacute;e par le gouvernement pour en trouver 200 a expliqu&eacute; &agrave; l'AFP, sous couvert de l'anonymat, que le processus avait &eacute;t&eacute; compliqu&eacute; par les restrictions pesant sur les liaisons a&eacute;riennes et la hausse des prix des respirateurs.
Ils se vendent d&eacute;sormais &agrave; plus de 20.000 dollars (18.200 euros) pi&egrave;ce, contre 9.000 auparavant, selon lui.
Alors les responsables sanitaires &eacute;thiopiens commencent &agrave; recourir au syst&egrave;me D. Le minist&egrave;re de la Sant&eacute; a ainsi r&eacute;cup&eacute;r&eacute; 197 ventilateurs ne fonctionnant plus et esp&egrave;re parvenir &agrave; en r&eacute;parer quelques-uns, selon M. Yacob.
L'entra&icirc;nement de cette semaine &agrave; Addis Abeba a &eacute;t&eacute; organis&eacute; par l'American medical centre, une clinique priv&eacute;e locale, qui esp&egrave;re former de la sorte une centaine de docteurs d'ici la fin avril.
D'ici l&agrave;, les m&eacute;decins &eacute;thiopiens peuvent seulement prier pour que la population respecte les mesures de distanciation sociale mises en place pour freiner le virus.Mais cela semble n'&ecirc;tre gu&egrave;re le cas jusqu'ici.
"Nous sommes vraiment inquiets, mais nous faisons de notre mieux", d&eacute;clare&nbsp;une autre doctoresse, Tihitina Negesse, qui a aussi pris part &agrave; la formation.
"Nous voyons d&eacute;j&agrave; que dans d'autres pays, en Italie par exemple, ils sont submerg&eacute;s de patients, de patients gravement malades", remarque-t-elle."Ils manquent de ventilateurs artificiels et ils doivent d&eacute;cider &agrave; qui donner la priorit&eacute;.Si &ccedil;a continue comme &ccedil;a, si les gens ne prennent pas &ccedil;a au s&eacute;rieux, nous aussi nous serons probablement submerg&eacute;s."

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