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La Tunisie mise sur un tourisme "hygiénique" et local pour sauver sa saison

Touchée par une rechute de son tourisme en raison du nouveau coronavirus mais relativement épargnée par la pandémie, la Tunisie cherche à limiter les dégâts pour ce secteur clé, en mettant l'accent sur de strictes mesures d'hygiène et en ciblant un marché surtout local.

Le tourisme tunisien souffre d'un manque &agrave; gagner de six milliards de dinars (deux milliards d'euros) &agrave; cause de la pand&eacute;mie de Covid-19, estime l'Office national du Tourisme tunisien (ONTT), avec 400.000 emplois menac&eacute;s, au moment o&ugrave; le pays est d&eacute;j&agrave; plong&eacute; dans une situation &eacute;conomique et sociale difficile.
Le secteur, qui p&egrave;se environ 14% du PIB selon le minist&egrave;re du Tourisme, est &agrave; l'arr&ecirc;t depuis fin mars, et la fermeture des espaces a&eacute;riens avec l'Europe, son principal march&eacute;, est appel&eacute;e &agrave; se prolonger une bonne partie de l'&eacute;t&eacute;.
Cet effondrement a des allures de rechute pour un secteur d&eacute;j&agrave; tr&egrave;s &eacute;prouv&eacute; par les cons&eacute;quences de l'instabilit&eacute; politique et surtout des attaques jihadistes des ann&eacute;es 2015-16.
Apr&egrave;s trois ann&eacute;es de rebond, qui avaient vu la fr&eacute;quentation revenir &agrave; des niveaux in&eacute;dits depuis 10 ans, "la Tunisie avait bien d&eacute;but&eacute; l'ann&eacute;e, avec une hausse des recettes de 28%", souligne Feriel Gadhoumi, une coordinatrice de l'ONTT.
Assis devant son magasin d'antiquit&eacute;s dans le village pittoresque de Sidi Bou Sa&iuml;d, pr&egrave;s de Tunis, dont les ruelles bleues et blanches sont habituellement bond&eacute;es au printemps, Mohamed Saddam ne vient d&eacute;sormais qu'"une heure par jour pour a&eacute;rer" les lieux.
"Normalement, la saison commence maintenant.Mais l&agrave;, il n'y a personne", soupire-t-il."On attend l'ouverture de l'espace a&eacute;rien.Mais l'ann&eacute;e 2020 est foutue pour nous".

- Stations fant&ocirc;mes -

La plupart des h&ocirc;tels ont ferm&eacute; leurs portes, et ceux qui restent ouverts logent, souvent gratuitement, les milliers de personnes en quarantaine, ce qui donne aux stations baln&eacute;aires des allures de villes fant&ocirc;me.
L'Organisation mondiale du tourisme (OMT) a averti que le nombre de touristes internationaux diminuerait de 60 &agrave; 80% en 2020.
Mais les h&ocirc;teliers tentent de sauver ce qui peut l'&ecirc;tre de la saison en s'appuyant sur la situation sanitaire rassurante du pays et sur des mesures d'hygi&egrave;ne drastiques.
La Tunisie est l'un des pays m&eacute;diterran&eacute;ens les moins touch&eacute;s par la pand&eacute;mie, avec un bilan officiel de 45 d&eacute;c&egrave;s.Pendant plusieurs jours cette semaine, aucune nouvelle contamination n'a &eacute;t&eacute; enregistr&eacute;e.
"Les clients vont se concentrer sur l'aspect sanitaire et hygi&eacute;nique", assure Anis Souissi, directeur commercial dans l'h&ocirc;tellerie, qui envisage des "menus fixes au choix" au lieu de l'habituel buffet, "une table attitr&eacute;e et un parasol fixe tout au long du s&eacute;jour".
"Cibler le march&eacute; local et pr&eacute;parer la saison prochaine sont les seuls choix", observe-t-il.
Le minist&egrave;re du Tourisme pr&eacute;pare un protocole pour les h&ocirc;tels qui rouvriront --certains envisagent de le faire d&eacute;but juin.Au programme, des contr&ocirc;les de temp&eacute;rature &agrave; l'a&eacute;roport et &agrave; l'entr&eacute;e des h&ocirc;tels, des chambres d&eacute;sinfect&eacute;es et laiss&eacute;es vacantes 48 heures entre deux clients, des lavages intensifs des espaces communs et l'espacement des tables d'un m&egrave;tre dans les caf&eacute;s.
Ces mesures sont n&eacute;cessaires pour "regagner la confiance des partenaires", affirme Mme Gadhoumi.Reste &agrave; savoir si les h&ocirc;tels, dont certains sont d&eacute;j&agrave; au bord de la faillite, arriveront &agrave; faire les investissements n&eacute;cessaires.
Car le tourisme a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; fragilis&eacute; par une s&eacute;rie de crises.

- Tourisme national -

Apr&egrave;s l'instabilit&eacute; politique ayant suivi la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali en 2011, des attentats jihadistes ont vis&eacute; en 2015 des estivants dans un h&ocirc;tel de Sousse (centre-est) et au mus&eacute;e du Bardo &agrave; Tunis (60 morts dont 59 touristes).
La situation s&eacute;curitaire s'est depuis beaucoup am&eacute;lior&eacute;e et la fr&eacute;quentation &eacute;tait revenue l'an pass&eacute; &agrave; son niveau d'avant 2011, avec 9,5 millions de visiteurs, m&ecirc;me si les recettes restent&nbsp;&agrave; la tra&icirc;ne.
La faillite du pionnier des voyagistes, le britannique Thomas Cook, qui transportait 5% des touristes europ&eacute;ens, a &eacute;branl&eacute; certains h&ocirc;tels en septembre 2019.
Pour cet &eacute;t&eacute;, outre le tourisme national, les h&ocirc;teliers lorgnent du c&ocirc;t&eacute; des vacanciers alg&eacute;riens, voire russes, qui leur ont permis d'amortir les crises pr&eacute;c&eacute;dentes.
Mais aucun vol commercial n'est programm&eacute; pour l'instant.
En outre, l'Alg&eacute;rie est s&eacute;rieusement touch&eacute;e par la pand&eacute;mie et l'ouverture des fronti&egrave;res n'est pas envisag&eacute;e &agrave; court terme.&nbsp;
Les Tunisiens, eux, ne repr&eacute;sentent que 20% des touristes, et beaucoup ont vu leurs revenus et jours de cong&eacute;s fondre durant le confinement.&nbsp;
Quant aux quelques dizaines de milliers d'&eacute;trangers bloqu&eacute;s en Tunisie pour l'&eacute;t&eacute;, leur pr&eacute;sence ne devrait gu&egrave;re suffire &agrave; sauver la saison.

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