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Les élections législatives et municipales du 9 février au Cameroun "ne résoudront aucun problème", a martelé jeudi le chef de file de l'opposition Maurice Kamto, dont le parti boycotte le scrutin en dénonçant le "désastre" né de la sanglante crise indépendantiste dans les régions anglophones.

"Nous n'avons pas d&eacute;cid&eacute; de boycotter par posture.C'est une d&eacute;cision grave (...) c'est un engagement pour changer les choses, transformer la soci&eacute;t&eacute;", a soulign&eacute; le pr&eacute;sident du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), lors d'une conf&eacute;rence de presse &agrave; Paris, suivie d'un entretien avec l'AFP.&nbsp;
Apr&egrave;s les Etats-Unis, M. Kamto est de passage en France dans le cadre d'une tourn&eacute;e visant &agrave; alerter la communaut&eacute; internationale sur "la gravit&eacute; de la situation" dans son pays.
"V&eacute;ritable guerre civile", le conflit meurtrier qui oppose ind&eacute;pendantistes anglophones &agrave; l'arm&eacute;e dans les r&eacute;gions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays est un "vrai d&eacute;sastre", a d&eacute;nonc&eacute; le rival malheureux du pr&eacute;sident Paul Biya &agrave; la pr&eacute;sidentielle de 2018.
En trois ans, les affrontements ont fait au moins 3.000 morts et plus de 700.000 d&eacute;plac&eacute;s dans ces deux r&eacute;gions, qui comptent environ 16% de la population.L'Extr&ecirc;me-Nord du Cameroun est par ailleurs r&eacute;guli&egrave;rement la cible&nbsp;d'attaques du groupe jihadiste Boko Haram.
"L'&eacute;lection du 9 f&eacute;vrier ne r&eacute;soudra aucun probl&egrave;me, au contraire, &ccedil;a va exacerber la crise", a jug&eacute; M. Kamto.
"Comment pouvons-nous aller aux &eacute;lections alors que la guerre se poursuit et que ces populations plong&eacute;es dans la guerre ne pourront pas prendre part aux &eacute;lections?Le faire voudrait dire que nous actons de fait la partition du pays", a lanc&eacute; le leader du MRC.
"Je condamne toutes les formes de violences d'o&ugrave; qu'elles viennent" mais "on doit &eacute;couter les Anglophones y compris les extr&eacute;mistes quitte &agrave; leur dire vous empruntez la mauvaise voie", a-t-il estim&eacute;.&nbsp;"Je ne suis pas, je ne serai jamais pour la partition du Cameroun".

- Militants "d&eacute;tenus" -

Le statut sp&eacute;cial pour les r&eacute;gions anglophones, annonc&eacute; en d&eacute;cembre &agrave; l'issue d'un grand dialogue national, arrive "trop tard", a d&eacute;nonc&eacute; M. Kamto."Nous ne croyons pas que la d&eacute;centralisation soit une r&eacute;ponse aujourd'hui".
Le boycott d&eacute;cr&eacute;t&eacute; par le MRC, qui n'a pas &eacute;t&eacute; suivi par l'ensemble des partis d'opposition, est aussi motiv&eacute; par "la n&eacute;cessit&eacute; de r&eacute;former consensuellement le syst&egrave;me &eacute;lectoral camerounais de fa&ccedil;on &agrave; s'accorder sur les r&egrave;gles du jeu pour &eacute;viter de nouvelles crises post-&eacute;lectorales", a argu&eacute; M. Kamto.
En 2018, malgr&eacute; les violences dans l'ouest anglophone, il avait fait le choix de participer aux &eacute;lections, et s'&eacute;tait impos&eacute; comme principal opposant, devan&ccedil;ant de loin Joshua Oshi, candidat du parti d'opposition historique, le Social democratic front ( SDF).
M. Kamto clame toujours &ecirc;tre arriv&eacute; en t&ecirc;te de la pr&eacute;sidentielle, officiellement remport&eacute;e par l'inamovible Paul Biya, &acirc;g&eacute; de 86 ans dont 37 pass&eacute;s &agrave; la t&ecirc;te du pays.
Sa d&eacute;nonciation d'un "hold-up" &eacute;lectoral a valu &agrave; l'opposant et plusieurs dizaines de ses soutiens une d&eacute;tention de plus de huit mois, de janvier &agrave; octobre 2019, et une activit&eacute; surveill&eacute;e de pr&egrave;s depuis sa sortie de prison.
"Nous ne pouvons pas tenir de r&eacute;unions publiques (...) tout est fait pour nous pousser dans la radicalit&eacute;", a d&eacute;nonc&eacute; M. Kamto qui profite de son passage &agrave; Paris pour tenir samedi un meeting avec la diaspora camerounaise.
"Il y encore quinze de nos camarades qui sont en d&eacute;tention, dont le 1er vice-pr&eacute;sident du MRC, Mamadou Mota", a-t-il soulign&eacute;."Nous allons nous battre pour que tous nos camarades injustement d&eacute;tenus soient lib&eacute;r&eacute;s".
S'il se dit reconnaissant envers la communaut&eacute; internationale, qui a fait pression pour sa lib&eacute;ration, Maurice Kamto ne cache pas ses r&eacute;serves sur certaines positions de Paris.
"On ne per&ccedil;oit pas du c&ocirc;t&eacute; de la France cette politique nouvelle qu'elle a annonc&eacute;e &agrave; plusieurs reprises vis-&agrave;-vis d'un certain nombre de r&eacute;gimes", pointe-t-il.
Dans un pays o&ugrave; 85% de la population a moins de 35 ans, "l'avenir est dans la jeunesse camerounaise et elle s'est exprim&eacute;e &agrave; de multiples reprises pour dire +nous voulons le changement, nous voulons pouvoir d&eacute;signer nous-m&ecirc;me nos dirigeants et leur demander des comptes+".
Et de conclure: "Si cela se faisait, je crois que vous auriez moins de migrants en Europe, moins de jeunes Camerounais qui meurent dans le d&eacute;sert du Sahara ou la M&eacute;diterran&eacute;e en tentant d'arriver en France".

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