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Rarement un putschiste installé chef de l'Etat se sera montré aussi peu disert que le colonel Assimi Goïta, nouvel homme fort du Mali décrit comme un opérationnel plus qu'un politique.

"Je suis le pr&eacute;sident du CNSP", le Conseil national pour le salut du peuple institu&eacute; par les putschistes pour diriger le pays: avec les quelques phrases de circonstance qui ont suivi, ces mots prononc&eacute;s le 20 ao&ucirc;t sont les seuls entendus en public dans la bouche d'Assimi Go&iuml;ta depuis le coup d'Etat du 18 ao&ucirc;t.
"C'est un jeune tr&egrave;s op&eacute;rationnel, mais pas un bavard", dit Kissima Gakou, universitaire et ancien conseiller strat&eacute;gique du minist&egrave;re de la D&eacute;fense pendant 12 ann&eacute;es.
Personne ne saurait dire vraiment comment le colonel Go&iuml;ta, 37 ans, commandant d'un bataillon de forces sp&eacute;ciales, voit le "Mali nouveau" ambitionn&eacute; par les putschistes, ni m&ecirc;me quelle part il a pris dans la pr&eacute;paration du coup d'Etat du 18 ao&ucirc;t.
Dans la nuit fatidique, c'est le colonel Isma&euml;l Wagu&eacute; qui a lu &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision nationale le communiqu&eacute; de la junte, Assimi Go&iuml;ta se tenant silencieux &agrave; sa droite en tenue de camouflage et b&eacute;ret vert.
Investi des fonctions de chef de l'Etat par un acte &agrave; la constitutionnalit&eacute; mise en doute, le colonel Go&iuml;ta a laiss&eacute; le colonel Wagu&eacute; assurer la communication de la junte depuis le 18 ao&ucirc;t.
Lors des innombrables rencontres avec les diplomates ou les acteurs politiques qui ont suivi au camp de Kati, ville garnison et nouveau si&egrave;ge du pouvoir, il est apparu en chemise militaire avec une barbe de trois jours quand il ne l'a recouvrait pas de son cache-cou de terrain pour donner le change &agrave; ses interlocuteurs porteurs d'un masque anti-covid.
Pas grand-chose ne distingue l'officier athl&eacute;tique de ses hommes en tenue de combat dont il est constamment accompagn&eacute;.
Un document remis &agrave; la presse au lendemain du coup d'Etat le d&eacute;crit comme "adepte des d&eacute;fis".
"Para&icirc;tre, ce n'est pas son probl&egrave;me.C'est un homme de terrain, on l'a vu dans le nord du Mali", dit un colonel sous couvert de l'anonymat.
L'immense nord malien, o&ugrave; l'arm&eacute;e combat depuis 2012, d'abord contre des groupes ind&eacute;pendantistes rebelles puis contre les jihadistes, le colonel Go&iuml;ta peut se targuer de conna&icirc;tre.
Fils d'un ancien directeur de la police militaire, biberonn&eacute; aux questions s&eacute;curitaires, il y a &eacute;t&eacute; envoy&eacute; en 2002 apr&egrave;s des &eacute;tudes au Prytan&eacute;e de Kati, la principale &eacute;cole militaire du Mali, surnomm&eacute;e la "fabrique &agrave; putschistes" par un connaisseur pour avoir form&eacute; Amadou Sanogo, leader du coup d'Etat de 2012, et plusieurs putschistes de 2020.
Assimi Go&iuml;ta a &eacute;t&eacute; bas&eacute; successivement dans chaque ville majeure du nord, Gao, Kidal, Tombouctou, M&eacute;naka, Tessalit, et est mont&eacute; en grade.
Comme d'innombrables officiers sup&eacute;rieurs sah&eacute;liens, il a vite &eacute;t&eacute; rep&eacute;r&eacute; par les partenaires occidentaux.Il ira suivre des formations en Allemagne, au Gabon, et aux Etats-Unis."Une mani&egrave;re de conna&icirc;tre les futurs poids lourds des arm&eacute;es, et parfois de les coopter", dit un diplomate occidental &agrave; Bamako.En 2019, il a particip&eacute; aux exercices am&eacute;ricains au Sahel "Flintlock", organis&eacute;s chaque ann&eacute;e dans un pays diff&eacute;rent pour former in situ les arm&eacute;es nationales.
Depuis le 18 ao&ucirc;t, jour o&ugrave; ses hommes sont all&eacute;s arr&ecirc;ter les principaux dirigeants nationaux, pas grand-monde n'accepte de parler de lui.
"Personne ne sait trop sur quel pied danser en ce moment", dit un haut fonctionnaire.Les militaires ont promis de rendre le pouvoir aux civils apr&egrave;s une p&eacute;riode transitoire.Mais nul ne sait combien de temps cette transition va durer, ni qui la dirigera.

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