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Dans une usine d'huile de Khartoum, des ouvriers s'acharnent au marteau sur une machine défectueuse.Sarah el-Fateh, à la tête de cette entreprise familiale, déplore de ne pas pouvoir importer de pièces détachées, son pays étant toujours sur la liste noire américaine.

Un an apr&egrave;s le d&eacute;but d'un mouvement de contestation contre le r&eacute;gime d'Omar el-B&eacute;chir, qui a conduit &agrave; sa chute, le Soudan se cherche un nouveau d&eacute;part mais son &eacute;conomie reste asphyxi&eacute;e.
L'embargo &eacute;conomique am&eacute;ricain a eu beau &ecirc;tre lev&eacute; en 2017, pour Mme Fateh comme pour nombre d'entrepreneurs soudanais, dans les faits, les effets des sanctions am&eacute;ricaines sont toujours l&agrave;.
La quadrag&eacute;naire explique ainsi &agrave; l'AFP qu'elle ne peut investir dans son usine, faute de pouvoir effectuer des transferts d'argent &agrave; l'international.
Les transactions financi&egrave;res internationales restent en effet impossibles car le pays figure toujours sur la liste noire am&eacute;ricaine des pays "Etats soutenant le terrorisme" (SST), ce qui par ailleurs barre la route aux investissements &eacute;trangers.
L'embargo avait &eacute;t&eacute; impos&eacute; au Soudan en 1997 pour son soutien pr&eacute;sum&eacute; &agrave; des groupes islamistes.Le fondateur d'Al-Qa&iuml;da Oussama Ben Laden a v&eacute;cu &agrave; Khartoum entre 1992 et 1996.
Les sanctions concernaient les transactions bancaires internationales mais aussi les &eacute;changes de technologie ou le commerce de pi&egrave;ces d&eacute;tach&eacute;es.
- Demandes am&eacute;ricaines -

La grave crise &eacute;conomique dont souffre le Soudan depuis des ann&eacute;es est &agrave; l'origine de la contestation qui a men&eacute; en avril l'arm&eacute;e &agrave; destituer Omar el-B&eacute;chir apr&egrave;s 30 ans de pouvoir.&nbsp;
Il a &eacute;t&eacute; condamn&eacute; samedi &agrave; deux ans de centre correctionnel pour corruption, et il est mis en cause dans d'autres affaires.
Outre la chute de B&eacute;chir, le mouvement de contestation a &eacute;galement obtenu des militaires au pouvoir un accord ayant d&eacute;bouch&eacute; sur la cr&eacute;ation en ao&ucirc;t d'un Conseil souverain compos&eacute; de civils et de militaires.Et un Premier ministre civil, l'&eacute;conomiste Abdallah Hamdok, a &eacute;t&eacute; install&eacute; en septembre.
Avec une inflation annuelle &agrave; 60%, selon les chiffres officiels, et des r&eacute;serves de devises quasi-inexistantes, M. Hamdok a promis des r&eacute;formes mais n'a pour l'instant annonc&eacute; aucun plan concernant l'&eacute;conomie.
Lors d'une visite d&eacute;but d&eacute;cembre &agrave; Washington, il a notamment plaid&eacute; la cause du Soudan en vue d'un retrait de la liste noire o&ugrave; il figure depuis 1993.
Toutefois, selon plusieurs sources diplomatiques, la proc&eacute;dure de retrait prendra du temps.Washington cherche notamment &agrave; s'assurer que le r&eacute;gime de M. B&eacute;chir est bien en cours de d&eacute;mant&egrave;lement.
Ainsi, fin novembre, les autorit&eacute;s de transition ont annonc&eacute; la dissolution du parti du pr&eacute;sident d&eacute;chu, et samedi celle des syndicats mis en place sous B&eacute;chir et consid&eacute;r&eacute;s comme lui &eacute;tant largement favorables.
M. Hamdok a &eacute;galement lanc&eacute; des pourparlers de paix avec les groupes rebelles des Etats du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil Bleu, th&eacute;&acirc;tres de violents conflits sous B&eacute;chir.

- "D&eacute;fis imbriqu&eacute;s" -

Les d&eacute;fis auxquels doit faire face le Soudan sont "imbriqu&eacute;s", estime Cl&eacute;ment Deshayes, sp&eacute;cialiste du Soudan et chercheur au collectif parisien Noria.
"La crise &eacute;conomique est le premier d&eacute;fi &agrave; relever et c'est sur &ccedil;a que le gouvernement va &ecirc;tre jug&eacute;", mais selon lui, "la crise &eacute;conomique ne sera r&eacute;gl&eacute;e que si les outils &eacute;tatiques sont renouvel&eacute;s (...) et les conflits r&eacute;gl&eacute;s".
Mais le coeur des discussions en vue du retrait du Soudan de la SST r&eacute;side dans la question des r&eacute;parations financi&egrave;res aux familles de victimes des attentats en 1998 contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie, et contre le destroyer am&eacute;ricain USS Cole en 2000 par Al-Qa&iuml;da.
Un juge a am&eacute;ricain a en effet &eacute;tabli un lien entre ces attentats et le Soudan.
En attendant ce r&egrave;glement, les banques &eacute;trang&egrave;res, m&ecirc;me si elles ne le reconnaissent pas officiellement, refusent de "traiter avec le Soudan" tant qu'il est sur la SST car elles s'exposent &agrave; des sanctions, explique Osman el-Toum, expert financier soudanais.&nbsp;
Dans ce contexte, les entrepreneurs comme Mme Fateh, cherchent des moyens de contourner la situation en payant des interm&eacute;diaires &agrave; l'&eacute;tranger et des organismes de transfert d'argent.Or ces m&eacute;thodes impliquent des pertes importantes pour l'&eacute;conomie soudanaise.&nbsp;
Mais les sanctions am&eacute;ricaines ne sont pas les seuls maux de l'&eacute;conomie soudanaise.La cheffe d'entreprise accuse l'ancien r&eacute;gime d'avoir "d&eacute;truit" l'industrie et n'y avoir fait aucun investissement majeur, comme dans l'agriculture.
L'&eacute;conomie s'est en outre &eacute;croul&eacute;e apr&egrave;s la s&eacute;cession du Sud en 2011, le Soudan ayant &eacute;t&eacute; priv&eacute; des trois quarts de ses r&eacute;serves de p&eacute;trole.

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