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Sous un soleil de plomb, des menuisiers, trempés de sueur, s'activent pour construire des planchers à grand coups de marteaux.A Kano, la grande ville du nord du Nigeria, un centre d'isolement flambant neuf pourra bientôt accueillir les patients du Covid-19.

Derri&egrave;re cette initiative se trouve l'homme le plus riche d'Afrique, Aliko Dangote, dont la fortune est estim&eacute;e &agrave; plus de 15 milliards de dollars (Bloomberg 2019).Deux immenses tentes blanches d'environ 250 lits ont &eacute;t&eacute; &eacute;rig&eacute;es sur le stade de foot de la cit&eacute; commer&ccedil;ante qui a vu na&icirc;tre le roi du ciment.
Dans le pays anglophone de 200 millions d'habitants, des d&eacute;cennies de mauvaise gestion des pouvoirs publics ont laiss&eacute; un syst&egrave;me de sant&eacute; exsangue, alors dans la lutte contre le coronavirus, comme bien souvent, le secteur priv&eacute; est appel&eacute; &agrave; la rescousse.&nbsp;
Cr&eacute;&eacute;e fin f&eacute;vrier, la Coalition du secteur priv&eacute; contre le Covid-19 (Cacovid), pilot&eacute;e par Dangote et le groupe bancaire nig&eacute;rian Access Bank, rassemble une cinquantaine d'entreprises qui ont promis pr&egrave;s de 22 milliards de nairas (57 millions de dollars) pour le pays, selon un document interne que l'AFP a pu consulter.
"Si chacun fait les choses dans son coin, &ccedil;a cr&eacute;e une cacophonie, alors en fonction de sa taille, chacun met ce qu'il peut et on mutualise nos moyens", assure &agrave; l'AFP Zouera Youssoufou, directrice g&eacute;n&eacute;rale de la Fondation Dangote.

- La mobilisation s'acc&eacute;l&egrave;re -

Le secteur priv&eacute; va ainsi b&acirc;tir sept centres d'isolement dans les grandes villes (Kano, Lagos, Abuja, Maiduguri, Port-Harcourt...), et chercher &agrave; augmenter les capacit&eacute;s de diagnostique du Nigeria, qui n'a r&eacute;alis&eacute; que 5.000 tests depuis le d&eacute;but de l'&eacute;pid&eacute;mie.
L'Afrique semble pour l'instant moins touch&eacute;e que le reste du monde avec un total de quelque 16.200 cas officiellement recens&eacute;s pour pr&egrave;s de 900 morts, selon un d&eacute;compte de l'AFP.
Mais les experts invitent &agrave; la prudence, estimant que l'ampleur r&eacute;elle de la pand&eacute;mie pourrait &ecirc;tre sous-estim&eacute;e - notamment en raison du manque de tests disponibles.
Alors, un peu partout, la mobilisation s'acc&eacute;l&egrave;re.En Afrique du Sud, le magnat des mines, Patrice Motsepe (African Rainbow Minerals), de m&ecirc;me que les familles Rupert (fonds d'investissement Remgro Limited) et Oppenheimer (diamants De Beers) ont chacun promis un milliard de rands (53,3 millions de dollars).
A l'&eacute;chelle continentale, la Banque africaine de d&eacute;veloppement (BAD) a annonc&eacute; la semaine derni&egrave;re la cr&eacute;ation d'un fonds de 10&nbsp;milliards de dollars pour soutenir les &eacute;conomies africaines.
Et l'Union africaine (UA) a lanc&eacute; le 7 avril un fonds sp&eacute;cial contre le Covid-19 auquel les Etats membres ont d&eacute;j&agrave; accept&eacute; de contribuer &agrave; hauteur de 17 millions de dollars.

- "Plan Marshall" pour l'Afrique -

"Nous devons maintenant (...) mobiliser toutes les ressources pour contenir cette pand&eacute;mie et emp&ecirc;cher l'effondrement d'&eacute;conomies et de syst&egrave;mes financiers d&eacute;j&agrave; en difficult&eacute;", a d&eacute;clar&eacute; dimanche le pr&eacute;sident en exercice de l'UA, le Sud-africain Cyril Ramaphosa.
Reste &agrave; convaincre les institutions r&eacute;gionales et internationales, mais aussi les milliardaires africains d'y participer.L'objectif du fonds sp&eacute;cial est de r&eacute;unir&nbsp;&agrave; terme quelque 400 millions de dollars pour financer en priorit&eacute; la r&eacute;ponse sanitaire, puis les &eacute;conomies.
Contact&eacute; par l'AFP, l'homme d'affaires et philanthrope nig&eacute;rian Tony Elumelu, pr&eacute;sident de la banque UBA,&nbsp;pr&eacute;sente dans 20 pays, appelle &agrave; un "plan Marshall" pour l'Afrique apr&egrave;s avoir annonc&eacute; un don de 14 millions de dollars au Nigeria et au reste du continent.
"Il est urgent que les gouvernements africains et les partenaires internationaux intensifient leur programme de relance &eacute;conomique Covid-19 pour le continent" avec "une r&eacute;ponse internationale coordonn&eacute;e", affirme-t-il.
Toute la difficult&eacute; est de trouver de l'argent disponible rapidement.Les institutions, comme la Banque mondiale ou la BAD qui ont promis des milliards, sont soumis &agrave; des proc&eacute;dures contraignantes, et leurs aides mettent souvent plusieurs mois avant d'&ecirc;tre d&eacute;bloqu&eacute;es.
Quant aux grandes fortunes, malgr&eacute; leurs discours r&eacute;currents sur le panafricanisme, elles se montrent encore frileuse lorsqu'il s'agit d'&eacute;largir leur solidarit&eacute; au continent.

- "Effets d'annonce" -

"Pour l'instant, personne n'a encore vraiment particip&eacute;" explique sous couvert d'anonymat &agrave; l'AFP un haut fonctionnaire de l'UA."Les plus enclins &agrave; donner et rapidement, ce sont les Chinois.C'est pour cela que nous avons re&ccedil;u aussi vite des aides de Jack Ma", le fondateur du g&eacute;ant de la vente en ligne Alibaba.
"On aimerait que les milliardaires africains suivent l'exemple, malheureusement cela reste souvent des effets d'annonce", poursuit cette source."En 2015 avec Ebola, beaucoup de promesses ont &eacute;t&eacute; faites, mais en dehors de Dangote et de Motsepe, tr&egrave;s peu ont vraiment d&eacute;bloqu&eacute; l'argent".
Toutefois, le groupe Ecobank, qui poss&egrave;de des filiales dans une quarantaine de pays, s'appr&ecirc;te &agrave; lancer une plateforme de soutien aux PME africaines, selon la m&ecirc;me source.
Du c&ocirc;t&eacute; de l'empire Dangote, pr&eacute;sent dans toute l'Afrique &agrave; travers des usines de ciment, de sucre, ou encore de farine, Zouera Youssoufou assure &eacute;galement vouloir "s'engager pour le continent" m&ecirc;me si elle reconnait que priorit&eacute; est pour l'instant donn&eacute;e au Nigeria.
"Nous sommes panafricains par essence", dit-elle."Mais on met d'abord son propre masque &agrave; oxyg&egrave;ne avant d'aider les autres".

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