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Des dizaines de milliers de manifestants ont réclamé vendredi à Bamako la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, à qui ses voisins ouest-africains ont conseillé de mettre sur pied un gouvernement d'union nationale et d'organiser rapidement des législatives partielles pour apaiser les tentions.

Il s'agit de la deuxi&egrave;me grande manifestation en deux semaines dans la capitale contre le pr&eacute;sident malien, surnomm&eacute; "IBK", apr&egrave;s celle qui avait d&eacute;j&agrave; rassembl&eacute; plusieurs dizaines de milliers de personnes le 5 juin et qui a donn&eacute; son nom &agrave; la contestation, "Mouvement du 5 juin - Rassemblement des Forces Patriotiques" (M5-RFP).
Signe des tensions politiques croissantes au Mali ces derni&egrave;res semaines, ce mouvement exprime l'exasp&eacute;ration nourrie par les milliers de victimes des attaques jihadistes et des violences intercommunautaires, l'apparente impuissance de l'Etat &agrave; y faire face, le marasme &eacute;conomique, la crise des services publics et de l'&eacute;cole, la perception d'une corruption r&eacute;pandue.
A la t&ecirc;te du M5-RFP, qui rassemble des responsables religieux et des personnalit&eacute;s de la soci&eacute;t&eacute; civile comme du monde politique, se trouve un homme &agrave; l'influence croissante, Mahmoud Dicko, imam rigoriste et patriote, ancien alli&eacute; du pr&eacute;sident IBK d&eacute;sormais b&ecirc;te noire du pouvoir.

- "Il va comprendre" -

Le pr&eacute;sident Ke&iuml;ta, &agrave; la t&ecirc;te depuis 2013 de ce vaste pays pauvre, a tendu la main ces derniers jours &agrave; ses adversaires, en ouvrant la voie &agrave; un gouvernement "d'union nationale".Il a aussi fait des concessions aux enseignants en gr&egrave;ve, en promettant les augmentations de salaire qu'ils r&eacute;clament depuis des mois.
"Il n'a pas tir&eacute; la le&ccedil;on, il n'&eacute;coute pas les gens.Mais cette fois-ci, il va comprendre", avait averti avant la manifestation l'imam Dicko.
"Nous sommes l&agrave; pour la victoire finale, il n'y a pas de n&eacute;gociation possible, IBK doit d&eacute;missionner", a affirm&eacute; un manifestant, Mamadou Diakit&eacute;, un enseignant de 42 ans."Aujourd'hui, c'est le dernier jour du mandat d'IBK", assurait une manifestante, Foune Djiteye.La manifestation s'est achev&eacute;e sans incident majeur, m&ecirc;me si ses organisateurs ont regrett&eacute; qu'une d&eacute;l&eacute;gation n'ait pas &eacute;t&eacute; re&ccedil;ue par le chef de l'Etat comme elle l'avait souhait&eacute;.
Dans la soir&eacute;e, une d&eacute;l&eacute;gation minist&eacute;rielle de la Communaut&eacute; &eacute;conomique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C&eacute;d&eacute;ao), en mission de bons offices au Mali depuis jeudi, a pr&ocirc;n&eacute; la mise en place d'un "gouvernement consensuel d'union nationale".
Les membres de la mission ont aussi relev&eacute; qu'un arr&ecirc;t de la Cour constitutionnelle datant de la fin avril &eacute;tait "&agrave; la base de la crispation socio-politique actuelle".
Dans cette d&eacute;cision, la haute juridiction avait invers&eacute; une trentaine de r&eacute;sultats proclam&eacute;s des l&eacute;gislatives de mars-avril, dont une dizaine au profit de candidats du parti pr&eacute;sidentiel, exacerbant les frustrations d'une population d&eacute;j&agrave; &eacute;reint&eacute;e par des ann&eacute;es de guerre contre le jihadisme.
Dans son communiqu&eacute;, la d&eacute;l&eacute;gation de la C&eacute;d&eacute;ao "invite" donc le gouvernement &agrave; "reconsid&eacute;rer les r&eacute;sultats de toutes les circonscriptions"."De nouvelles &eacute;lections partielles pour les circonscriptions concern&eacute;es devraient &ecirc;tre organis&eacute;es dans les meilleurs d&eacute;lais", a-t-elle ajout&eacute;.
Selon des sources judiciaires, quatre des neuf membres de la Cour constitutionnelle ont pr&eacute;sent&eacute; vendredi leur d&eacute;mission.

- "Ebranler les institutions" -

Jeudi, le pr&eacute;sident de l'Assembl&eacute;e nationale, Moussa Timbin&eacute;, avait mis en garde ceux qui seraient tent&eacute;s de c&eacute;der aux pressions de la rue."La logique" de ces manifestations, c'est "d'&eacute;branler toutes les institutions.De fil en aiguille, c'est le Mali qui sera compl&egrave;tement occup&eacute; par les jihadistes.Beaucoup (de ceux) qui marchent sont avec les jihadistes", a-t-il d&eacute;clar&eacute; en s&eacute;ance pl&eacute;ni&egrave;re.
Il avait aussi estim&eacute; que des l&eacute;gislatives partielles n'&eacute;taient possibles qu'en cas de d&eacute;c&egrave;s ou de d&eacute;mission de d&eacute;put&eacute;s.
Ces tensions politiques surviennent alors que le Mali est toujours en guerre contre les groupes jihadistes li&eacute;s &agrave; Al-Qa&iuml;da et &agrave; l'Etat Islamique.Dimanche, une attaque qui leur a &eacute;t&eacute; attribu&eacute;e a fait au moins 27 morts dans les rangs de l'arm&eacute;e malienne.
Fin juin, la France et les pays sah&eacute;liens doivent faire le point sur les six mois &eacute;coul&eacute;s depuis le sommet de Pau, alors que l'ONU cherche &agrave; convaincre ses membres du bien-fond&eacute; du renouvellement de sa mission au Mali, la Minusma.

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