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Fonds détournés, contrats passés auprès de sociétés politiquement amies, surfacturations et fraudes: l'Afrique du Sud est confrontée à une embarrassante série de scandales de corruption liés aux fonds alloués pour lutter contre le coronavirus.Comme d'autres pays sur le continent.

Pendant deux semaines, les soignants ont manifest&eacute; bruyamment tous les jours &agrave; l'heure du d&eacute;jeuner dans les grandes villes sud-africaines, pour d&eacute;noncer le manque d'&eacute;quipement de protection.
Ils ont d&eacute;j&agrave; perdu 240 coll&egrave;gues en raison de la maladie, sur les 27.000 infect&eacute;s au travail."On ne peut plus se taire.Les soignants meurent", d&eacute;nonce l'infirmier Frans Mokgope, mettant en cause le manque criant de gants, lunettes et blouses pour se prot&eacute;ger.
Les enqu&ecirc;teurs sud-africains ont d&eacute;j&agrave; dans les mains 600 dossiers d'entreprises soup&ccedil;onn&eacute;es de corruption, sur plus de cinq milliards de rands (250 millions d'euros) de contrats destin&eacute;s &agrave; fournir mat&eacute;riel, aide sociale et distributions alimentaires.
Les entrepreneurs pilleurs de fonds Covid sont si nombreux qu'ils ont h&eacute;rit&eacute; d'un n&eacute;ologisme: les "Covidpreneurs".
Et cette corruption n'&eacute;pargne pas d'autres pays africains.De Nairobi &agrave; Lagos, responsables gouvernementaux et entreprises ont &eacute;t&eacute; pris la main dans le sac &agrave; pand&eacute;mie.

- L'&eacute;mergence de "Covidpreneurs" -

Le continent a &eacute;t&eacute; frapp&eacute; moins fort par le virus qu'initialement redout&eacute; -- 31.893 d&eacute;c&egrave;s sur plus de 1,3 million de cas, dont pr&egrave;s de la moiti&eacute; en Afrique du Sud (14.678 morts pour 635.000 cas).Mais des centaines de millions de dollars pr&eacute;vus pour y faire face ont disparu.
Des h&ocirc;pitaux se retrouvent avec du mat&eacute;riel pas aux normes, des &eacute;quipements ou d&eacute;sinfectants inefficaces.
Les deux tiers des contrats de fourniture de mat&eacute;riel de protection en Afrique du Sud ne respectent pas les r&egrave;gles fiscales, ou ne sont pas d&eacute;clar&eacute;s, a fait savoir jeudi le commissaire du fisc Edward Kieswetter.
Beaucoup de ces entreprises ne connaissaient d'ailleurs rien &agrave; ce secteur, a-t-il ajout&eacute;&nbsp;sur la cha&icirc;ne SABC, "ce qui a pu contribuer au nombre de morts de soignants", en raison de la mauvaise qualit&eacute; de ces fournitures.&nbsp;
En Afrique de l'Est, des images post&eacute;es par des m&eacute;decins et infirmiers k&eacute;nyans, montrant du mat&eacute;riel d&eacute;fectueux dans les services de r&eacute;animation, ont largement circul&eacute;, g&ecirc;nant le gouvernement.
Et en R&eacute;publique d&eacute;mocratique du Congo, les accusations de malversations financi&egrave;res font rage: en mai, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba affirmait avoir d&eacute;caiss&eacute; 10,7 millions de dollars pour lutter contre le coronavirus.Un mois plus tard, le responsable de ces programmes disait n'avoir re&ccedil;u que 1,4 million.&nbsp;
Le vice-ministre de la Sant&eacute; Albert M'Peti Biyombo a m&ecirc;me d&eacute;nonc&eacute; l'existence des "solides r&eacute;seaux mafieux cr&eacute;&eacute;s pour d&eacute;tourner ces fonds" au sein de son minist&egrave;re et qui exigent, selon lui, des "r&eacute;tro-commissions jusqu'&agrave; hauteur de 35% aupr&egrave;s des structures b&eacute;n&eacute;ficiaires de ces fonds".

- "Profiteurs de guerre" -

En Ouganda, quatre responsables gouvernementaux risquent la prison pour avoir empoch&eacute; un demi-million de dollars sur un fonds destin&eacute; &agrave; nourrir les plus vuln&eacute;rables.Un autre, qui entassait dans sa maison des sacs de ma&iuml;s et de haricots destin&eacute;s aux pauvres, n'est pas pass&eacute; inaper&ccedil;u.
Une enqu&ecirc;te a &eacute;t&eacute; ouverte apr&egrave;s la publication d'une conversation, largement partag&eacute;e sur les r&eacute;seaux sociaux, entre l'ambassadrice ougandaise au Danemark et son adjoint, qui discutent sur Zoom des moyens de d&eacute;tourner des fonds Covid.
Le nombre de ces affaires fait enrager le patron de l'OMS, l'&Eacute;thiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus."Aucune forme de corruption n'est acceptable.Mais celle qui concerne l'&eacute;quipement de protection (EPI), qui peut sauver des vies, c'est carr&eacute;ment du meurtre", a-t-il d&eacute;nonc&eacute; le mois dernier.&nbsp;
Le d&eacute;tournement de ces &eacute;quipements ou "de fonds destin&eacute;s &agrave; sauver des vies doit &ecirc;tre puni autant que possible", a rench&eacute;ri le directeur du Centre de contr&ocirc;le et de pr&eacute;vention des maladies (CDC) de l'Union africaine, John Nkengasong.
Ces affaires ne font que rappeler l'omnipr&eacute;sence de la corruption sur le continent, soupirent des organisations civiles exasp&eacute;r&eacute;es.&nbsp;
"C'est fermement ancr&eacute;, enracin&eacute;", regrette le directeur de l'ONG Corruption Watch aupr&egrave;s de l'AFP."Les profiteurs de guerre &eacute;taient autrefois ex&eacute;cut&eacute;s sur-le-champ (...) C'est comme &ccedil;a que je vois les choses.Quand un pays est en guerre contre une pand&eacute;mie et que certains volent et sapent cet effort &agrave; leur profit, c'est de la trahison."
Une association de chefs traditionnels sud-africains s'est alarm&eacute;e cette semaine de ces "vols barbares" de fonds publics: "C'est une mutinerie contre les citoyens de ce pays qui revient &agrave; de la trahison".
burs-sn/ger/cld/sba

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