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Pakistan: des dizaines de milliers de personnes aux funérailles d'un journaliste tué au Kenya

Des dizaines de milliers de personnes ont assisté jeudi aux funérailles d'un journaliste pakistanais tué par la police au Kenya, quelques mois après avoir fui son pays pour échapper à une arrestation.

AFRICA RADIO

27 octobre 2022 à 13h21 par AFP

Arshad Sharif, critique véhément de la toute puissante armée pakistanaise et partisan de l'ancien Premier ministre Imran Khan, a été tué dimanche quand la police kényane a ouvert le feu sur son véhicule à un barrage routier, à une quarantaine de kilomètres de la capitale Nairobi. Ce présentateur télé vedette avait quitté le Pakistan en août, pour ne pas avoir à répondre d'accusations de sédition. Sa mort a déclenché une vague de spéculations dans son pays sur la possibilité qu'il ait été assassiné. La police kényane a évoqué une erreur: les policiers qui avaient dressé le barrage auraient fait feu en pensant tirer sur une voiture volée et utilisée dans un enlèvement, qu'ils recherchaient. Les obsèques, qui se sont tenues dans la plus grande mosquée d'Islamabad, ont attiré environ 40.000 personnes, selon la police pakistanaise. Parmi la foule, figuraient nombre de figures des médias et une large proportion de partisans du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), le parti de M. Khan, qui ont chanté des slogans en l'honneur de M. Sharif. "Arshad Sharif a sacrifié sa vie pour exposer les visages des corrompus et nous ne devrions pas permettre que ce sacrifice soit vain", a déclaré à l'AFP Muhammad Iqbal, un commerçant supporteur du PTI. Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de la mort du journaliste. En août, Sharif avait interviewé sur la chaîne Ary News un proche conseiller de M. Khan, Shahbaz Gill, qui avait à cette occasion exhorté les officiers de l'armée à désobéir aux ordres contraires "à la volonté de la majorité" du peuple. Ces déclarations avaient été considérées comme séditieuses par les autorités. Ary News avait ensuite brièvement été empêchée d'émettre et un mandat d'arrêt avait été émis contre Sharif, qui avait alors quitté le pays. M. Gill avait été arrêté après son interview. M. Khan avait ensuite affirmé que son conseiller avait été torturé et qu'il avait subi de sévices sexuels en détention, ce qui lui avait valu plusieurs comparutions devant des tribunaux, pour des accusations d'outrage à magistrat et d'infraction à la loi antiterroriste ensuite abandonnées. Les critiques à l'encontre de l'armée et des puissants services de sécurité sont depuis longtemps considérées comme une ligne rouge au Pakistan, classé parmi les pays les plus dangereux au monde pour les professionnels des médias.