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Somalie : un journaliste remis en liberté après une condamnation à deux mois de prison

Un tribunal somalien a condamné lundi à deux mois de prison un journaliste indépendant accusé de menacer la sécurité nationale, qui a cependant été en liberté dans la foulée après avoir passé près de cinq mois derrière les barreaux.

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13 février 2023 à 17h06 par AFP

"Lorsque j'ai été emmené à la prison centrale de Mogadiscio, les agents ont refusé de m'emprisonner, m'accordant ma liberté immédiate", a écrit sur Twitter Abdalle Ahmed Mumin. "Je suis allé directement à mon bureau pour reprendre mon travail quotidien. Je continuerai à être à l'avant-garde de la défense de la liberté de la presse et des droits de l'homme en Somalie", a-t-il ajouté. Le journaliste, également secrétaire général du Syndicat des journalistes somaliens (SJS), avait été arrêté en octobre, peu après une décision du gouvernement de renforcer la répression contre les médias, accusés de participer à la propagande des islamistes radicaux shebab. Lundi, le président du SJS, Mohamed Ibrahim, avait jugé sur Twitter que la condamnation d'Abdalle Ahmed Mumin relevait d'une "parodie de justice évidente". Elle "envoie non seulement un message effrayant à l'ensemble de la communauté des médias mais instille également la peur parmi les professionnels et les groupes de défense de la liberté de la presse", avait-il ajouté. Avant la condamnation, des groupes de défense des droits humains, dont Amnesty International, Human Rights Watch et l'Institut international de la presse avaient demandé l'abandon des poursuites, affirmant que M. Mumin faisait l'objet de menaces et de persécutions continues des autorités somaliennes pour avoir défendu le droit à la liberté d'expression. Ces poursuites contribuent "de manière significative à la fermeture de l'espace civique dans le pays", avaient-ils estimé dans une lettre conjointe adressée en décembre au procureur général de Somalie. Fin 2022, le syndicat SJS et quatre autres groupes de défense des médias avaient protesté contre la décision du gouvernement de réprimer plus sévèrement les médias, estimant qu'elle allait restreindre la liberté d'expression. L'ONG Reporters sans frontières (RSF) classe la Somalie au 140e rang (sur 180 pays) de sa liste mondiale de la liberté de la presse avec plus de 50 journalistes tués dans le pays depuis 2010. Selon RSF, la Somalie (17 millions d'habitants) est le pays le plus dangereux pour les journalistes en Afrique. Ils sont principalement menacés par les shebab liés à Al-Qaïda qui tentent de renverser le gouvernement soutenu par la communauté internationale, mais les autorités sont également accusées de violer meurs droits.