Tunisie: démission de la cheffe du cabinet présidentiel pour des "divergences"

Nadia Akacha, cheffe de cabinet du président tunisien Kais Saied et sa très proche conseillère, a annoncé lundi sa démission, invoquant des "divergences d'opinion", près de six mois après que le chef d'Etat s'est arrogé les pleins pouvoirs.

AFRICA RADIO

24 janvier 2022 à 18h51 par AFP

"J'ai décidé de présenter aujourd'hui ma démission au président (...) après deux ans de travail", a-t-elle écrit sur sa page Facebook, assurant avoir toujours "travaillé dans l'intérêt de la Tunisie". Agée de 41 ans, elle a expliqué sa décision par des "divergences fondamentales de points de vue, en relation avec l'intérêt" du pays, sans fournir d'autres précisions. Mme Akacha, juriste de formation, qui évite de parler à la presse, est très proche du président Saied et l'accompagnait dans tous ses déplacements depuis son élection en octobre 2019. Elle avait été nommée conseillère juridique au sein du cabinet présidentiel fin 2019 avant de devenir en janvier 2020 la directrice du cabinet du président Saied. Titulaire d'un doctorat en droit public, elle est spécialiste en droit constitutionnel. Elle a été Research Fellow à l'Institut Max Planck de droit public et international comparé à Heidelberg (Allemagne). Depuis le 25 juillet 2021, arguant de blocages multiples, M. Saied s'est arrogé les pleins pouvoirs en limogeant le Premier ministre de l'époque et suspendant le Parlement, dominé par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire. Depuis, même si un gouvernement de technocrates mené par une femme, Mme Najla Bouden, a été formé en novembre, c'est le président qui dirige le pays par décrets. Ses opposants ont dénoncé un coup d'État et des ONG tunisiennes et internationales ont dit craindre une dérive autoritaire. Le 13 décembre, M. Saied a dévoilé une feuille de route destinée à sortir de la crise politique, à travers une consultation populaire via une plateforme électronique, un référendum sur la Constitution et de nouvelles législatives en décembre. Le 14 janvier, dans des scènes d'une violence plus vue à Tunis depuis dix ans, les policiers ont chargé les manifestants à grand renfort de canons à eau et de gaz lacrymogène, et procédé à des dizaines d'arrestations musclées. Samedi, lors d'un entretien téléphonique, le président français Emmanuel Macron a appelé son homologue à conduire une "transition dans un cadre le plus inclusif possible". La veille, le secrétaire général de l'ONU a indiqué suivre "avec inquiétude" l'évolution de la situation en Tunisie, appelant à la "restauration complète d'un cadre démocratique institutionnel".