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Tunisie: libération d'un présentateur TV ayant critiqué le président Kais Saied

Un tribunal militaire tunisien a ordonné jeudi la libération d'un journaliste de télévision arrêté début octobre après avoir formulé lors de son émission de virulentes critiques contre le président Kais Saied, a indiqué son avocat.

AFRICA RADIO

25 novembre 2021 à 17h51 par AFP

Amer Ayad, présentateur de la chaîne Zitouna TV, a été remis en liberté conditionnelle durant la durée de son procès, dont la prochaine audience aura lieu le 20 janvier, a déclaré à l'AFP l'avocat, Samir Ben Omar. Le député Abdellatif al-Aloui qui participait à l'émission en question avait été arrêté en même temps que le présentateur mais déjà remis en liberté quelques jours plus tard. Au début de l'émission, le présentateur Amer Ayad avait commenté de façon critique la nomination de Najla Bouden, première femme à la tête d'un gouvernement tunisien. "Elle ne sera qu'un serviteur du Sultan et un exécutant de ses ordres", a-t-il lancé, estimant que le "populiste" Saied n'avait pas réussi à trouver un homme pour ce poste. Abdellatif Al-Aloui, membre de la formation islamo-conservatrice Al-Karama, alliée du parti Ennahdha qui disposait du plus grand nombre de sièges dans le Parlement gelé fin juillet, figurait parmi les invités de cette émission. Le président Saied a annoncé par surprise le 25 juillet qu'il limogeait le Premier ministre, suspendait les activités du Parlement et reprenait en main le pouvoir judiciaire. Il a assuré vouloir "sauver" le pays d'un "péril imminent", caractérisé par les blocages parlementaires et la crise socio-économique aggravée par l'épidémie de Covid-19. La chaîne Zitouna TV est considérée par les observateurs comme proche de Al-Karama et Ennahdha, partis qui sont les bêtes noires de M. Saied. Dans l'émission, le député avait affirmé avoir "le courage de dire" que les mesures décidées par M. Saied étaient "un coup d'Etat". Il avait aussi jugé que c'était "une honte pour la condition féminine" d'"utiliser (la nomination de Mme) Bouden comme alibi" pour dissimuler la réalité, selon lui.