Tunisie: manifestation pour réclamer la liberation d'un journaliste
Des dizaines de militants et de journalistes ont manifesté vendredi à Tunis pour réclamer la libération d'un collègue placé en garde à vue depuis deux jours pour des soupçons de "terrorisme".
9 septembre 2022 à 21h06 par AFP
Ghassen Ben Khlifa, chef du site d'information engagé Inhiyez, qui s'oppose à toute normalisation entre les pays arabes et Israël et défend farouchement la cause palestinienne, a été arrêté à son domicile mardi. Des agents de la police ont fouillé sa maison et saisi deux ordinateurs selon des médias locaux. Le pôle judiciaire antiterroriste a décidé de le placer en détention provisoire, a indiqué à l'AFP Amira Mohamed, vice-présidente du Syndicat national des journalistes (Snjt). Son avocat, cité par les médias, a affirmé que M. Ben Khlifa était soupçonnée d'être l'administrateur d'une page Facebook "incitant au terrorisme". "Nous n'avons aucune explication sur les raisons de son arrestation", a affirmé Amira Mohamed, déplorant les poursuites engagées contre les journalistes "pour les intimider et les faire taire, ce qui représente une menace sérieuse contre la liberté de la presse". A l'appel du Snjt, du comité de défense du journaliste et des activistes de la société civile, des dizaines de personnes ont manifesté vendredi sur l'avenue Habib Bourguiba où un important dispositif policier a été déployé, a constaté une journaliste de l'AFP. "Lâchez-nous", "Libérez Ghassen", "A bas la répression de l'Etat", ont scandé les protestataires, qui ont également crié des slogans contre la police et le ministère de l'Intérieur. "Non à la répression des journalistes", "Ne touche pas à la liberté d'expression", "La liberté de la presse est menacée", pouvait-on lire sur des affiches brandies par les manifestants. Plusieurs ONG locales et internationales ont déploré un "recul" des libertés en Tunisie depuis que le président Kais Saied s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021. Dans son rapport publié début mai, le Snjt a alerté sur des "menaces sérieuses" pesant sur la liberté de la presse dans le pays.