Un ministre centrafricain incarcéré, accusé de crimes contre l'humanité

Un ministre en fonction et ancien chef rebelle a été incarcéré en Centrafrique, accusé de crimes de guerre et contre l'humanité par la Cour pénale spéciale de ce pays, selon une ordonnance de cette juridiction dont l'AFP a pu lire une copie samedi.

AFRICA RADIO

20 novembre 2021 à 15h21 par AFP

Ce pays parmi les plus pauvres du monde est le théâtre, depuis 2013, d'une guerre civile d'abord très meurtrière mais qui a considérablement baissé d'intensité après 2018. Hassan Bouba, ministre de l'Elevage et de la Santé animale, ancien conseiller spécial de l'actuel chef de l'Etat Faustin Archange Touadéra, a été arrêté vendredi matin dans le bureau de son ministère par la police judiciaire, selon plusieurs sources proches du dossier qui ont requis l'anonymat. Appelé plus fréquemment Hassan Bouba, il avait aussi été numéro 2 de l'un des plus redoutables groupes armés rebelles, l'Union pour la Paix en Centrafrique (UPC), avant de rejoindre le pouvoir en 2017. L'"ordonnance aux fins d'incarcération" de la Cour Pénale Spéciale (CPS) consultée par l'AFP, pas plus que les sources anonymes, ne précisent quels sont les faits qui valent à M. Ali Hassan ces "inculpations". Mais en août dernier, l'ONG américaine The Sentry avait affirmé au terme d'une enquête très détaillée que le chef de l'UPC, Ali Darassa, et son numéro deux de l'époque, Bouba Ali Hassan, étaient directement responsables de l'attaque d'un camp de déplacés en novembre 2018 à Alindao, à quelque 500 km à l'est de Bangui, qui s'était soldée par la mort d'au moins 112 villageois dont 19 enfants. Les accusations retenues sont extrêmement lourdes et le présentent même comme un des auteurs présumés de massacre et tortures : "Crimes de guerre" et "crimes contre l'humanité par meurtres, actes inhumains" et "traitements cruels tels que la torture", lit-on dans l'ordonnance des juges de la CPS qui l'ont auditionné vendredi et ordonné son "incarcération provisoire" immédiatement après. La CPS est une juridiction hybride, composée de magistrats centrafricains et internationaux, chargée de juger à Bangui les violations graves des droits humains commises depuis 2003 dans ce pays d'Afrique centrale.