Au Kenya, un étudiant a comparu jeudi 29 mai devant un tribunal de Nairobi pour avoir diffusé sur X la photo d'une procession funèbre qu'il a décrite comme étant celle du président William Ruto, dans un contexte de répression des voix critiques au Kenya. La publication est survenue quelques mois après les manifestations de juin et juillet dernier contre les hausses d'impôts et la corruption. Les forces de sécurité sont accusées par des groupes de défense des droits humains d'avoir tué au moins 60 personnes, pour la plupart de jeunes adultes, à cette occasion et d'en avoir enlevé des dizaines d'autres.
David Mokaya, 24 ans, avait publié le 13 novembre sur X une photo d'un cortège funèbre avec la légende : "Le corps du président William Ruto quitte les pompes funèbres de Lee" - une entreprise de Nairobi. Lors de la dernière audience, jeudi, l'affaire a été rapidement repoussée au 31 juillet.
"Une atteinte à la liberté d'expression"
L'avocat de M. Mokaya a déclaré à l'AFP que les poursuites constituent "une atteinte à la liberté d'expression". "On usurpe le droit à notre client (...) en tant que citoyen kényan d'exprimer ses opinions politiques, de formuler des satires politiques (...) et de critiquer le chef de l'État", a-t-il déclaré à l'AFP.
En décembre, au moins deux personnes ont disparu après avoir partagé des photos générées par l'intelligence artificielle de William Ruto allongé dans un cercueil. Un autre, le dessinateur Gideon Kibet - alias Kibet Bull - avait publié des caricatures du président, mais après avoir été enlevé puis libéré, il a déclaré qu'il cesserait.
Une unité secrète responsable d'enlèvements ?
Les groupes de défense des droits humains imputent ces enlèvements à une unité secrète issue des services de renseignement et de lutte contre le terrorisme. Le gouvernement et la police ont démenti toute responsabilité.
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D'autres affaires de répression des voix critiques ont fait parler ces derniers mois. En avril, la police a tiré des gaz lacrymogènes près d'étudiantes à un festival de théâtre. La pièce qu'elles devaient jouer - qui pouvait passer pour une satire de l'exécutif après les violences de juin et juillet - avait été interdite par le gouvernement, une décision suspendue par la justice.
Fin avril, les autorités ont exercé "des pressions" pour empêcher la projection dans un cinéma de Nairobi d'un reportage de la BBC identifiant des agents des forces de sécurité kényanes ayant tiré sur la foule en juin et juillet. Quatre cinéastes indépendants, qui selon la BBC n'étaient pas impliqués dans le reportage, ont ensuite été arrêtés début mai pour "fausses informations".
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