C’est peut-être un tournant diplomatique dans l’un des conflits les plus meurtriers d’Afrique. L’Union africaine a salué samedi 28 juin la signature à Washington d’un accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, deux voisins aux relations déchirées par des décennies de tensions, et plus récemment, par l’insurrection du groupe armé M23 dans l’est congolais.
Présent à la cérémonie, le président de la Commission de l’Union africaine, Mahamoud Ali Youssouf, a qualifié cette signature d’"étape importante" vers la paix, la stabilité et la réconciliation. Il a également salué le rôle joué par les États-Unis et le Qatar dans la facilitation de ce dialogue, qualifié de "constructif et de soutien".
Un accord signé sous la houlette américaine
L’accord de paix, conclu vendredi 21 juin à Washington, s’appuie sur une déclaration de principes adoptée en avril par Kinshasa et Kigali. Il prévoit notamment le respect de l’intégrité territoriale de chaque État et l’arrêt des hostilités dans l’est de la RDC, sans toutefois aborder frontalement les questions sensibles comme les positions militaires du M23 ou leurs gains territoriaux.
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Il a été signé en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio, de la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, et de son homologue rwandais Olivier Nduhungirehe. Le président américain Donald Trump, également présent, s’est félicité d’un "nouveau chapitre d’espoir", saluant "la fin de la violence et de la destruction" dans la région.
Un contexte de guerre et de crise humanitaire
L’est de la RDC, frontalier du Rwanda et riche en minerais stratégiques, est en proie à une instabilité chronique depuis plus de trois décennies. Depuis la résurgence du M23 en 2021, les affrontements avec les forces gouvernementales et leurs alliés ont provoqué des milliers de morts, le déplacement de centaines de milliers de civils et une crise humanitaire majeure.
Accusé par l’ONU et les États-Unis de soutenir militairement le M23, le Rwanda a toujours nié toute implication directe. Mais les faits sur le terrain parlent d’eux-mêmes : le groupe rebelle s’est emparé de Goma en janvier, puis de Bukavu en février, au terme d’une offensive éclair qui a mis en déroute l’armée congolaise dans plusieurs zones stratégiques.
Des interrogations sur l’avenir de l’accord
Si le texte signé vendredi constitue un geste politique fort, de nombreux observateurs soulignent ses zones d’ombre. L’accord ne mentionne pas explicitement le retrait du M23 ni les garanties de sécurité pour les populations déplacées. Il ne précise pas non plus les modalités de mise en œuvre, ni les mécanismes de suivi ou de désescalade.
Par le passé, plusieurs cessez-le-feu ont été rapidement rompus, et la confiance entre les deux capitales reste fragile. Reste à savoir si cet accord, sous l’égide de Washington, marquera une rupture durable ou une nouvelle tentative avortée dans un conflit où les intérêts géopolitiques, économiques et communautaires s’entrelacent de manière explosive.
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