Après plus de 30 ans de violences dans l’est de la République démocratique du Congo, Kinshasa et Kigali ont signé vendredi 27 juin à Washington un accord de paix présenté comme une étape majeure vers la fin du conflit. Négocié sous les auspices des États-Unis et du Qatar, ce texte vise notamment à mettre un terme aux hostilités entre les deux pays, sur fond d’insurrection du groupe armé M23.
Le président américain Donald Trump, qui a supervisé la cérémonie à la Maison Blanche, a salué "un nouveau chapitre d’espoir", promettant une ère de "prospérité et de paix" dans la région des Grands Lacs. Il a également souligné que cet accord "débouchera sur l’obtention par les États-Unis de droits miniers en RDC", un enjeu stratégique central dans cette médiation.
Neutraliser les FDLR, désarmer les groupes armés, instaurer la confiance
L’accord, inspiré d’une déclaration de principes adoptée en avril, repose sur plusieurs engagements-clés : respect de l’intégrité territoriale, arrêt des hostilités, désengagement et désarmement progressif des groupes armés non étatiques, et mise en place d’un mécanisme conjoint de sécurité. Il ne mentionne toutefois pas les positions territoriales acquises par le M23, soutenu militairement par le Rwanda selon l’ONU et Washington.
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Lors de la cérémonie, le ministre rwandais des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe a insisté sur la nécessité de "neutraliser les FDLR", groupe armé hostile à Kigali, issu des ex-Forces génocidaires hutus rwandaises, en échange d’une "levée des mesures défensives" prises par le Rwanda. Le conseiller Afrique de Donald Trump, Massad Boulos, a confirmé cet engagement.
Le rôle décisif des États-Unis et du Qatar
Les États-Unis ont mené les négociations politiques entre la RDC et le Rwanda, tandis que le Qatar a joué un rôle de médiateur entre Kinshasa et les représentants du M23. Le sommet de Doha, organisé en mars avec la participation des présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, avait permis de baliser le terrain. Une rencontre entre ces deux dirigeants est prévue en juillet à la Maison Blanche.
"Il reste beaucoup à faire", a reconnu le secrétaire d’État américain Marco Rubio, soulignant qu’il s’agissait certes d’un moment charnière, mais non d’un aboutissement.
Un contexte d’instabilité et de ressources convoitées
Depuis 2021, l’offensive du M23 a ravivé un conflit meurtrier dans l’est de la RDC, entraînant des milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés et une grave crise humanitaire. Le groupe rebelle s’est emparé de villes clés comme Goma et Bukavu. Kigali nie tout soutien direct, mais affirme que sa sécurité est menacée par des milices basées sur le territoire congolais.
Premier producteur mondial de cobalt et détenteur de plus de 60 % des réserves de coltan – minerais essentiels à l’industrie technologique – la RDC suscite l’intérêt croissant des grandes puissances. Donald Trump ne s’en cache pas : les ressources du sous-sol congolais font partie intégrante des intérêts américains dans cette région instable.
Une paix encore fragile, des critiques sur les droits humains
Si la communauté internationale a globalement salué l’accord – Emmanuel Macron parlant d’un "pas en avant historique", Antonio Guterres d’une "étape importante" – plusieurs voix appellent à la prudence. L’ONG Physicians for Human Rights a regretté des "omissions majeures", notamment l’absence de mesures sur la reddition de comptes et la justice pour les victimes.
"Il ne peut y avoir de paix durable sans justice véritable", a déclaré Sam Zarifi, directeur exécutif de l’organisation, alors que les violations des droits humains sont massives dans la région.
L’accord marque un espoir. Reste à savoir s’il pourra résister à l’épreuve du terrain et aux jeux de puissances, régionaux comme internationaux.
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