Sénégal : un journaliste écroué pour avoir dénoncé l’attribution de voitures aux députés

Actus. Le journaliste sénégalais Bachir Fofana a été placé en détention pour "diffusion de fausses nouvelles" après avoir mis en cause un marché public controversé à l’Assemblée nationale.

Sénégal : un journaliste écroué pour avoir dénoncé l’attribution de voitures aux députés
Sénégal : incarcération du journaliste Bachir Fofana (photo) pour “fausses nouvelles” après des révélations sur un marché de véhicules à l’Assemblée - FB - Bachir Fofana

Nouvelle tension entre la presse et le pouvoir à Dakar. Le journaliste sénégalais Bachir Fofana, connu pour ses chroniques critiques de la vie politique, a été placé en détention vendredi 21 juin. Il est poursuivi pour "diffusion de fausses nouvelles", après avoir mis en cause la régularité d’un marché public portant sur l’attribution de véhicules à l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale.

Selon son avocat, Me Aboubacry Barro, l’affaire a été déclenchée à la suite d’une plainte déposée par le président de l’Assemblée, El Malick Ndiaye. L’institution est au cœur d’une vive polémique depuis que la presse a révélé qu’un marché de plusieurs milliards de francs CFA était en cours pour offrir une voiture neuve à chacun des 165 parlementaires sénégalais.

Un dossier sensible dans un contexte social tendu

Dans un pays confronté à une pression sociale et économique croissante, l’annonce de ce marché a profondément choqué une partie de l’opinion publique. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme un privilège déplacé, voire une insulte aux difficultés quotidiennes de millions de Sénégalais.

C’est dans ce contexte inflammable que Bachir Fofana a publiquement remis en cause la transparence de l’opération, ce qui lui vaut aujourd’hui d’être poursuivi. Il avait été placé en garde à vue mercredi, avant d’être présenté au parquet et écroué vendredi à Dakar.

Son procès est prévu pour le mercredi 2 juillet. "Nous avons bon espoir qu’il sera libéré", a déclaré Me Barro sur la radio RFM.

La presse réclame la libération immédiate du journaliste

La Coordination des associations de presse (CAP), une confédération syndicale majeure dans le secteur des médias, a réagi avec fermeté. Elle a rencontré le président de l’Assemblée pour solliciter "le retrait de la plainte" et appeler à "une pacification des relations entre la presse et le pouvoir".

Dans un communiqué, la CAP demande la libération immédiate de Bachir Fofana, dénonçant une atteinte à la liberté d’informer. "Nous appelons à la désescalade et au respect du droit fondamental à l’expression journalistique", peut-on lire.

Un climat encore fragile pour la liberté de la presse

L’affaire intervient dans un contexte politique encore marqué par les tensions de la présidentielle de mars dernier, et alors que les attentes sont fortes envers le nouveau pouvoir incarné par le président Bassirou Diomaye Faye, élu sur une promesse de rupture.

Si le gouvernement affirme vouloir renforcer l’État de droit, plusieurs observateurs s’inquiètent de la persistance de procédures judiciaires contre des journalistes. Selon Reporters sans frontières, la liberté de la presse reste sous pression au Sénégal malgré l’alternance politique récente.

Le cas de Bachir Fofana sera observé de près, tant pour son contenu que pour sa portée symbolique sur l’indépendance du journalisme au Sénégal.

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