Sénégal: nouvelles manifestations meurtrières contre Wade à la présidentielle

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DAKAR (AFP) - (AFP)

La contestation de la candidature à la présidentielle au Sénégal du président Abdoulaye Wade a été marquée lundi par de nouvelles violences avec deux morts à Podor (nord), à la veille d'un rassemblement à Dakar de l'opposition faisant craindre des débordements.

Ces violences ont éclaté lors d'une manifestation de militants du Mouvement du 23 juin (M23), regroupant des partis d'opposition et organisations de la société civile contre la candidature de M. Wade, 85 ans, au pouvoir depuis douze ans, une candidature confirmée par le Conseil constitutionnel dimanche soir.

Selon une source policière à Podor, des gendarmes sont intervenus pour disperser les manifestants, faisant des blessés par balle, dont deux ont succombé: un manifestant et une victime collatérale, d'après un témoin et la maire de la ville de Podor, Mme Aïssata Tall Sall.

Ces violences sont les deuxièmes en trois jours en lien avec la contestation de la candidature de M. Wade, après celles du 27 janvier marquées par des émeutes à Dakar (un policier tué) et en province.Selon l'opposition, il y a eu de nombreux blessés -dont des journalistes frappés par la police- et arrestations.Aucun bilan n'est disponible.

Parmi les personnes arrêtées, figure Alioune Tine, défenseur des droits de l'homme et coordonnateur du M23, retenu depuis le 28 janvier par la police.

Plusieurs ONG, dont Amnesty International, la Fédération des ligues des droits de l'homme (FIDH) et des organisations de journalistes, dont le Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (Synpics), ont dénoncé les violences et exhorté les autorités à garantir la liberté d'expression, d'information et de manifestation.

Les derniers développements font craindre des débordements, le M23 ayant appelé "tous les citoyens" à participer à un "rassemblement pacifique" mardi après-midi à Dakar "pour exiger le retrait de la candidature de Wade" à moins d'un mois de la présidentielle prévue le 26 février.

"C'est trop tard, Abdoulaye Wade est candidat"

"Le M23 a définitivement décidé de mener la résistance contre le coup d'Etat constitutionnel qu'Abdoulaye Wade va perpétrer", a déclaré à l'AFP Abdoul Aziz Diop, porte-parole du mouvement, précisant qu'il s'agit d'une "résistance pacifique".

Parmi les responsables du M23, figurent huit candidats à la présidentielle qui avaient déposé des recours contre la candidature de M. Wade.Pour eux, elle est conforme à la Constitution car Wade a épuisé ses deux mandats légaux, ayant été élu en 2000 puis réélu en 2007.

Le camp du chef de l'Etat a toujours récusé cet argument, arguant de réformes de la Constitution en 2001 et 2008 qui lui permettraient de se représenter.

Le Conseil constitutionnel a jugé que les requêtes des opposants étaient "recevables" mais "non fondées" et considéré que M. Wade est "en droit de se présenter".

Le Conseil a également rejeté un recours de M. Wade qui voulait faire annuler les candidatures des ex-Premiers ministres Idrissa Seck et Macky Sall et de l'ex-ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio en les accusant de n'avoir "jamais payé l'impôt" au Sénégal.

Autre décision rendue: la confirmation du rejet de la candidature du chanteur Youssou Ndour, et celle de deux autres candidats indépendants ne disposant pas de suffisamment de signatures de soutien.

Tout en appelant au calme, la France a regretté que "toutes les sensibilités politiques ne puissent être représentées" à la présidentielle, sans explicitement citer Youssou Ndour, s'inquiétant également de "multiples arrestations".

Les Etats-Unis ont invité M. Wade à "laisser la place à la prochaine génération", demande rejetée par El Hadj Amadou Sall, responsable de la campagne de M. Wade.

"Je réponds à nos amis américains que nous comprenons leur préoccupation, mais c'est trop tard, Abdoulaye Wade est candidat", et "il appartient au peuple sénégalais de se prononcer" le jour du scrutin, a déclaré M. Sall à la télévision privée sénégalaise TFM.

Auparavant, le porte-parole de la présidence sénégalaise, Serigne Mbacké Ndiaye, avait formulé des assurances pour un scrutin transparent lors d'une conférence de presse à Dakar: "Tous les observateurs qui le souhaitent pourront venir" superviser l'élection.

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