Le président Abdoulaye Wade a vivement réagi au souhait d'une "relève des générations" au Sénégal exprimé par les ministres des Affaires étrangères de France et des Etats-Unis, en déclarant qu'il "n'accepte pas le diktat de l'extérieur", dans une déclaration diffusée lundi par la radio France Inter.
"Est-ce que vous trouvez normal qu'un ministre des Affaires étrangères se mêle de la politique d'un pays pour dire ce que nous allons faire.Qu'est-ce que c'est que ces manières là?Aucun Sénégalais ne peut l'accepter (...) c'est inacceptable et c'est indécent", a déclaré le président sénégalais, interrogé dimanche soir à Dakar par France Inter en marge d'un meeting électoral.
"Je n'accepte pas le diktat de l'extérieur", a ajouté M. Wade, 85 ans, qui brigue un 3e mandat alors que l'opposition l'accuse d'outrepasser la Constitution, après une récente réforme qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.Une interprétation contestée par le pouvoir.
"J'avais dit d'ailleurs que je ne répondrai pas à (Alain) Juppé, je ne répondrai pas à Mme (Hillary) Clinton, tout simplement (parce que) ce sont des ministres des Affaires étrangères.Moi je répondrai éventuellement si (le président français Nicolas) Sarkozy avait parlé ou si (l'Américain Barack) Obama avait parlé", a-t-il conclu.
La validation de la candidature d'Abdoulaye Wade à la présidentielle du 26 février ainsi que le rejet de celle du chanteur Youssou Ndour par le Conseil constitutionnel ont provoqué des manifestations violentes au Sénégal, faisant au moins quatre morts.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a réitéré dimanche son souhait d'une "relève de générations" au Sénégal, estimant en outre que "toutes les sensibilités doivent être représentées" à l'élection."Mais c'est aux Sénégalais d'en décider", a-t-il ajouté.
Mercredi, M. Juppé avait déclaré que la France - ancienne puissance coloniale au Sénégal - avait "souhaité que le passage de générations soit organisé", avant d'ajouter: "Je préfère vous dire que le message a été entendu à Dakar".
Le département d'Etat américain a également invité Abdoulaye Wade à "laisser la place à la prochaine génération".
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