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Burkina: d'influents chefs traditionnels rompent le silence pour un retour à "la paix"

D'influents chefs traditionnels du Burkina Faso en proie à la violence jihadiste, et dont la prise de parole est exceptionnelle, ont appelé mercredi au retour à "la paix" dans leur pays.

AFRICA RADIO

29 juin 2022 à 21h06 par AFP

Une dizaine de principaux chefs coutumiers et traditionnels burkinabè se sont pour la première fois réunis pour rédiger un "message à la nation", lu à Ouagadougou au palais du Moogho Naaba Baongo, chef suprême des mossis, l'ethnie majoritaire du pays. Ils y jugent la situation du Burkina "préoccupante", estimant que "malgré les actions entreprises, les résultats restent en deçà des attentes des populations", raison pour laquelle "notre responsabilité nous impose de rompre le silence". "Le Burkina Faso traverse un des pires moments de son histoire. Aujourd'hui notre peuple fait face à une crise multidimensionnelle grave et le désespoir s'empare des populations et le quotidien et le vivre-ensemble sont mis à rude épreuve par les affres de l'insécurité et les conflits intra et intercommunautaires", estiment-ils. Ils dénoncent "des propos haineux et d'incitation à l'intolérance et à la violence véhiculés à travers certains canaux de communication", rappelant "l'esprit de fraternité séculaire qui a toujours prévalu" dans leur pays. Ils invitent "les fils et filles du pays qui, pour des raisons diverses, ont des visions ou intérêts divergents avec la nation, à déposer les armes, à revenir à la raison et à la maison, pour qu'ensemble nous bâtissions notre pays dans la paix et la quiétude". Ils interpellent également les autorités militaires qui ont pris le pouvoir par la force en janvier, leur demandant de "concentrer toutes leurs énergies dans la lutte contre le terrorisme, (pour) le recouvrement de l'intégralité du territoire". Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences, attribuées à des mouvements armés jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui ont fait des milliers de morts et 1,9 million de déplacés. Près de 40% du territoire sont hors du contrôle de l'Etat, selon des chiffres officiels. Fin janvier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'avoir été incapable d'enrayer la violence jihadiste, et fait du rétablissement de la sécurité sa "priorité".