Grand Prix de F1 à Monza : pourquoi l’interview d’Aya Nakamura crée une polémique ?

Actus. Dimanche 7 septembre , Aya Nakamura a été invitée par LVMH au Grand Prix de Formule 1 de Monza. Interviewée en direct, elle a dû répondre à des questions jugées condescendantes par de nombreux internautes. Entre accusations de racisme et reproches d’illégitimité, la polémique enfle.

Grand Prix de F1 à Monza : pourquoi l’interview d’Aya Nakamura crée une polémique ?
Aya Nakamura à Monza : une interview qui divise et interroge. - interview Canal +

Sur la grille de départ du Grand Prix de Monza, Aya Nakamura était l’invitée officielle de LVMH. Acclamée pour ses succès mondiaux, la chanteuse française a croisé plusieurs pilotes, notamment le Français Isack Hadjar, et profité de l’ambiance d’un univers qu’elle découvrait pour la première fois. Les images diffusées sur Instagram et dans la presse sportive ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux.

L’événement aurait pu s’arrêter là, comme pour d’autres célébrités régulièrement invitées sur les plus grandes compétitions sportives. Mais l’interview qu'elle a donnée en direct à Canal+ a déclenché une vive polémique.

Des questions jugées condescendantes

Au micro de Canal+, la journaliste Margot Laffite lui demande : "Aya, est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous connaissez de la Formule 1 ?" ou encore "Est-ce un monde nouveau pour vous ?".

La chanteuse répond avec simplicité et courtoisie : "J’ai fait un tour ce matin, je ne connaissais pas, wow c’est vraiment incroyable. Là je suis en train de découvrir un nouveau monde, on va dire. Très honorée d’être là."

Mais pour beaucoup d’internautes, ces questions sonnaient comme une mise à l’écart, insinuant qu’elle n’appartenait pas à cet univers. L’échange se termine par une remarque qui accentue encore ce sentiment : "Il n’y a pas trop de djadja ici ?", une allusion à son tube planétaire perçue comme condescendante, qui renforce ce sentiment de malaise, voire comme une manière d’exotiser la chanteuse.

Un débat qui enflamme les réseaux

En ligne, les commentaires reflètent une division nette. Une partie des internautes reproche à Aya Nakamura de se retrouver dans un univers dont elle ne connaît pas les codes. "Connaît-elle au moins la différence entre un drapeau jaune et un drapeau rouge ?", ironise l’un d’eux. Un autre se plaint : "Mais quel intérêt ? Des gens passionnés rêveraient d’être là et on interroge une star qui n’y connaît rien. Pathétique."

Ces remarques sont teintées de mépris, et ne se retrouvent pas dans les commentaires d’interview similaires d’artistes masculins (acteurs ou chanteurs) et de femmes blanches, font remarquer les internautes.

Une polémique sur le racisme ordinaire

À l’opposé, d’autres défendent la chanteuse et dénoncent le ton de l’interview. "Elle a très bien répondu malgré des questions assez vicieuses à mon goût", écrit un internaute. Un autre s’interroge : "Vous pensez qu’on poserait ce genre de questions à une star blanche invitée à Roland-Garros ?". Beaucoup soulignent encore la question sur les “djadja”  : "‘Y’a pas trop de djadja ici’, ça voulait dire quoi exactement ?" 

Un commentaire qui a été beaucoup repris souligne : "Vous pensez que[la journaliste] aurait demandé : 'vous connaissez quoi de la F1?' et 'c’est un monde nouveau pour vous ici' si Aya n'était pas noire ? Vous pensez qu'elle aurait demandé : 'Comment s’est passé la relation avec Isack?' si c’était pas une femme ?"

Ainsi certains vont plus loin et y voient une forme de racisme ordinaire. Un commentaire résume cette impression avec brutalité : "Alors ça fait quoi d’être une NOIRE de quartiers invitée dans un environnement dont les tiens ne sont pas censés détenir les codes ?"

Entre misogynoir et critiques de légitimité

Cette controverse illustre deux lectures opposées. Pour les uns, Aya Nakamura incarne l’injustice d’un système qui invite des célébrités qu'ils supposent peu intéressées par la F1, au détriment de vrais passionnés. Pour les autres, ce traitement relève d’un double standard : d’autres vedettes, invitées dans des événements sportifs, ne subissent jamais ce type de remise en cause.

La notion de misogynoir, qui désigne la combinaison spécifique du sexisme et du racisme visant les femmes noires, est revenue de façon récurrente dans les discussions. La répétition des attaques contre Aya Nakamura, que ce soit sur sa musique, son langage ou désormais sa simple présence dans un paddock de Formule 1, conforte l’idée qu’elle cristallise bien plus que de simples critiques artistiques.

Une séquence révélatrice

À Monza, Aya Nakamura n’a rien fait de plus que répondre poliment aux questions qui lui étaient posées. Pourtant, sa simple présence et les mots choisis par les journalistes ont suffi à provoquer une tempête médiatique. La controverse dit moins sur l’artiste elle-même que sur le regard que la société continue de poser sur elle : celui d’une figure dont la légitimité est sans cesse remise en question.

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