Déjà vilipendée pour sa répression meurtrière des manifestations, la police kényane est accusée d’abus de pouvoir "généralisés" par un rapport publié mardi 9 septembre par l’ONG américaine International Justice Mission (IJM).
Fin juillet, l’organe de contrôle interne de la police kényane avait lui-même reconnu la mort de 65 personnes lors de quatre journées de mobilisation, pointant un "recours disproportionné à la force" et un manque de professionnalisme.
L’étude de l’IJM, menée entre 2022 et 2024 auprès de 5 700 citoyens, révèle que 43 % des Kényans disent avoir été victimes d’abus policiers et près de 70 % affirment avoir assisté à des comportements abusifs. Pourtant, la majorité n’ont pas signalé ces exactions, par crainte ou par manque de confiance dans le système. "Personne n’a confiance en la police", résume un répondant.
Corruption et harcèlement
Selon le rapport, les abus les plus fréquents sont la corruption (55 % des cas) et le harcèlement (54 %). 13 % des sondés ont évoqué des agressions physiques entraînant des blessures légères. Les jeunes sont les principales cibles, confirmant les accusations formulées lors des manifestations de 2024 et 2025. "Ici, la police voit les jeunes comme des criminels", témoigne un participant.
Patrick, un fonctionnaire de 39 ans, raconte avoir été accusé à tort de port d’arme artisanale en 2015. Battu et détenu, il a finalement été acquitté en 2019. "Je ne pouvais pas combattre ce système", confie-t-il à l’AFP.
Une justice jugée "inefficace"
L’IJM déplore également la passivité de la justice, jugée "grossièrement inefficace" dans le traitement des affaires d’abus policiers. "Le problème est enraciné dans le système", souligne l’auteur du rapport Ayub Were, estimant que tant que la corruption perdurera, "vous aurez toujours des violences policières".
De son côté, la police rejette ces conclusions. "Nos agents font un travail fantastique et toutes les plaintes sont correctement examinées", a assuré à l’AFP son porte-parole, Michael Muchiri.
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