Niger. Le directeur d'un hebdomadaire inculpé pour diffamation envers le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine

Le directeur de publication du Courrier, hebdomadaire influent au Niger, a été inculpé lundi 8 septembre pour "diffamation" et "diffusion d’informations de nature à troubler l’ordre public", à la suite d’une plainte du Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine, a annoncé son journal.

Ali Soumana, également accusé "d’atteinte à la dignité humaine", doit être transféré mardi 9 septembre à la prison de Say, à une cinquantaine de kilomètres de Niamey, selon un journaliste du Courrier. Il avait été interpellé dimanche matin puis placé en garde à vue à Niamey.

En cause, un article publié fin août évoquant une affaire de "fraude de cigarettes" estimée à plusieurs milliards de francs CFA (plusieurs millions d’euros), dans laquelle le nom du Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine avait été cité. Ce dernier a porté plainte, déclenchant la procédure judiciaire.

Une presse sous pression

L’affaire s’inscrit dans un climat de répression accrue au Niger, dirigé depuis le coup d’État de juillet 2023 par une junte militaire. Plusieurs journalistes ont déjà été arrêtés ces derniers mois. En juin, deux reporters de la radio privée Sahara FM, arrêtés à Agadez en mai, ont été incarcérés près de Niamey pour "atteinte à la Défense nationale" et "complot contre l’autorité de l’État".

Début septembre, le parquet de Niamey a requis cinq ans de prison contre Hassane Zada, journaliste dans le sud-ouest du pays et coordinateur régional du mouvement pro-junte M62, accusé d’avoir tenu des propos "injurieux" contre le général Abdourahamane Tiani, chef de l’État.

Une hausse des violations des droits civils

Selon Amnesty International, l’espace civique au Niger s’est fortement restreint depuis le putsch, avec une hausse des violations des droits civils et politiques. Dimanche encore, une coalition de militants proches du régime déchu de Mohamed Bazoum a dénoncé l’installation d’une "dictature militaire" dans le pays.

Le Niger, qui occupe la 83^e place sur 180 dans le classement 2025 de Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse, a reculé de trois rangs en un an.