Centrafrique: manifestation pro-pouvoir pour un changement de Constitution
Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés vendredi devant l'Assemblée nationale à Bangui pour soutenir le président Faustin Archange Touadéra et réclamer un changement de la Constitution centrafricaine, a constaté une journaliste de l'AFP.
29 avril 2022 à 18h06 par AFP
Les manifestants appellent au changement d'un article de la Constitution faisant mention de la "Transition", tandis que l'opposition et la société civile s'inquiètent d'une modification ouvrant la possibilité au président Touadéra de se présenter à un troisième mandat, interdit par les textes en vigueur. Lors du dialogue de réconciliation nationale organisé en mars avec l'opposition, une proposition de révision de la Constitution avait suscité l'ire de la société civile. Le Front républicain, une plateforme de jeunes militants favorables au régime de Touadéra, a remis au directeur de cabinet du président de l'Assemblée nationale une pétition qui "recommande la reformulation voire la révision de l'article 154, compte tenu que certaines dénominations ne sont plus à jour". Le président du Front républicain - aussi directeur de cabinet du ministère de la Jeunesse et des Sports - Héritier Doneng, a affirmé avoir recueilli plus de 600.000 signatures, sur une population d'environ 5 millions d'habitants. "Nous demandons une révision de la Constitution du 30 mars 2016 car nous nous sommes rendu compte qu'il y a beaucoup de manquements et d'ambiguïtés à l'intérieur", a-t-il affirmé à l'AFP, sans vouloir préciser si la révision concernait aussi un éventuel troisième mandat du président. De nombreux manifestants vendredi ignoraient la raison de leur présence. "Je ne sais pas pourquoi on est là. Peut-être qu'on aura de l'argent à la fin mais ce n'est pas certain. C'est le chef de mon quartier qui m'a dit de venir", a affirmé à l'AFP une participante, sous le couvert de l'anonymat. "Je suis là pour le changement de Constitution (...) afin que le président Touadéra fasse un troisième mandat parce que je sais qu'il est bien pour le développement du pays", a de son côté déclaré un autre, prénommé Jean-Levy. "Ces gens là pensent qu'en changeant l'article 154, ils vont pouvoir modifier d'autres articles voire refaire une nouvelle Constitution pour faciliter un troisième mandat", a affirmé à l'AFP vendredi Gervais Lakosso, un représentant de la société civile lors du dialogue national. Faustin Archange Touadéra avait été réélu fin décembre 2020 avec 53,16% des suffrages mais moins d'un électeur sur trois avait eu la possibilité d'aller voter en raison de l'insécurité dans un pays en proie à une guerre civile depuis 2013.