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Guinée: rare interpellation d'un gendarme en lien après la mort de civils

La justice guinéenne a annoncé l'interpellation d'un gendarme filmé en train de faire feu lors de manifestations récentes contre la junte au pouvoir, au cours desquelles plusieurs civils ont été tués.

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27 octobre 2022 à 14h21 par AFP

Le procureur général de Conakry Yamoussa Conté a fait part dans un communiqué publié mercredi soir l'interpellation du gendarme Ibrahim Baldé. Il n'en dit pas plus sur son sort. Une telle mise en cause est un fait rare dans un pays coutumier des violences politiques. Policiers et gendarmes y sont de longue date accusés par les défenseurs des droits humains d'usage excessif de la force, et les autorités de fermer les yeux. La junte qui a pris le pouvoir par la force en septembre 2021 affirme son engagement à combattre l'impunité. Cinq civils ont été tués les 20 et 21 octobre lors de heurts dans la banlieue de Conakry à la suite d'un appel à manifester contre la junte, selon le décompte du collectif à l'origine de cet appel. La junte a interdit toute manifestation et prononcé la dissolution du collectif. La justice a annoncé des poursuites contre les organisateurs et les participants aux manifestations. Plusieurs figures de l'opposition ont été interrogées lundi, et sont désormais poursuivies. Elles sont à nouveau convoquées jeudi chez les gendarmes. En même temps, le ministre de la Justice Alphonse Charles Wright a ordonné des poursuites contre les responsables de la mort des civils et contre tout membre des forces de sécurité qui aurait fait usage de son arme. Il a aussi demandé l'identification d'un de ces membres filmé en train de faire feu avec un pistolet sur une cible non visible à l'image. La vidéo à la provenance inconnue a abondamment circulé sur les réseaux sociaux comme illustrant les excès des forces de sécurité. Le ministre de la Justice avait aussi ordonné des autopsies des victimes. Elles établissent que trois d'entre elles, dont un enfant de 12 ans et un adolescent de 16 ans, avaient été atteintes par balle, selon le communiqué du procureur général. Une quatrième est morte d'hémorragie après une blessure à l'arme blanche. Le communiqué ne fait état que de quatre dépouilles autopsiées. "La loi sera appliquée dans toute sa rigueur et dans un délai raisonnable", assure le communiqué.