France-Maroc. Enlèvement et disparition de Mehdi Ben Barka : 59 ans après, une affaire judiciaire toujours en cours
Le 29 octobre 1965 était enlevé à Paris le leader de la gauche marocaine Mehdi Ben Barka. Sa famille réclame toujours la vérité sur son enlèvement.
29 octobre 2024 à 10h47 par Nadir Djennad
Le 29 octobre 1965, alors de passage pour un rendez-vous dans la capitale française, Mehdi Ben Barka est interpellé par deux policiers français près de la brasserie Lipp dans le quartier Saint-Germain des Prés à Paris. Il ne sera jamais retrouvé. Son corps non plus. Après son enlèvement, la famille Ben Barka affirme qu'il a été planifié par les services secrets marocains avec la complicité de policiers, d'agents des services et de truands français. Mehdi Ben Barka avait milité pour l'indépendance du Maroc, alors colonie française, au sein du parti Istiqlal. IL est devenu le leader de la gauche marocaine et son combat contre l'impérialisme a dépassé les frontières du Maroc. Il avait été l'un des fondateurs de ce qu'on avait appelé la Tricontinentale, organisation regroupant les forces « anti-impérialistes » d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.
La brasserie Lipp à Paris. Mehdi Ben Barka a été enlevé près d'ici, le 29 octobre 1965.
Crédit : Nadir Djennad
A gauche, le roi Hassan II, à côté de Mehdi Ben Barka
59 ans après la disparation de Mehdi Ben Barka, une plainte pour enlèvement et assassinat est toujours en instruction à Paris. Il s'agit de l'instruction la plus longue de l'histoire judiciaire en France. La famille Ben Barka dénonce la non-coopération des autorités marocaines, notamment l'audition des personnes cités dans le dossier, et encore en vie, le général Hosni Benslimane, et Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, tous deux sous le coup d'un mandat d'arrêts international depuis 2007. Du côté français, des policiers ont été mis en cause, des membres des services secrets, ainsi que des truands. Pour la famille Ben Barka, la seule façon de débloquer l'enquête en France est de déclassifier l'ensemble des documents gardés secrets défense jusqu'à présent. Une petite partie l’a déjà été, mais pas tout.
Une plaque Mehdi Ben Barka, devant le lieu de son enlèvement, près de la brasserie Lip à Paris
Crédit : Nadir Djennad
Le fils aîné de l’opposant marocain, Bachir Ben Barka l'assure, il va poursuivre son combat pour l'établissement de la vérité. Il attend surtout que les derniers témoins cités dans l'enquête se mettent à parler, et soulager peut-être leurs consciences. En attendant un éventuel rebondissement judiciaire, la famille Ben Barka et leurs amis perpétuent la mémoire et l'héritage politique de l'opposant disparu, lors d'un rassemblement devant la Brasserie Lipp, à Paris, le 29 octobre de chaque année. C'est aussi l'occasion de réclamer une nouvelle fois la vérité et la justice sur l'enlèvement et la disparition de Mehdi Ben Barka.
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