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Bonne ou mauvaise journée: pour le livreur Sisay Alebachew, tout dépend d'Ethio Telecom, l'opérateur public de télécommunications de l'Ethiopie.

Son activit&eacute; oscille entre la perte de temps pass&eacute; &agrave; joindre les clients quand le r&eacute;seau t&eacute;l&eacute;phonique est satur&eacute; et le presque-n&eacute;ant des commandes quand internet ne fonctionne pas.
Face &agrave; ces p&eacute;rip&eacute;ties, le livreur se f&eacute;licite de l'annonce de l'ouverture du secteur sous-d&eacute;velopp&eacute; et pass&eacute;iste des t&eacute;l&eacute;communications de l'Ethiopie, un des derniers march&eacute;s ferm&eacute;s au monde.
La semaine derni&egrave;re, l'autorit&eacute; de r&eacute;gulation d'Addis Abeba a lanc&eacute; aux entreprises un appel &agrave; "manifestation d'int&eacute;r&ecirc;t" pour deux nouvelles licences de t&eacute;l&eacute;communications qui en finiraient avec le monopole d'Ethio Telecom.
Les autorit&eacute;s pr&eacute;voient &eacute;galement de vendre 40% des parts de l'op&eacute;rateur public, une mesure qui, esp&egrave;rent-elles, rendra l'entreprise plus efficace.
"Pour une entreprise comme la n&ocirc;tre, les t&eacute;l&eacute;communications sont cruciales, et c'est le plus gros d&eacute;fi auquel nous faisons face", explique &agrave; l'AFP Sisay Alebachew.
"J'ai appris que de nombreux pays ont une meilleure connexion que nous.J'esp&egrave;re que la n&ocirc;tre s'am&eacute;liorera quand d'autres entreprises rejoindront le march&eacute;", esp&egrave;re-t-il.

- 'Un moment excitant' -

La r&eacute;organisation du secteur des t&eacute;l&eacute;communications est une pierre angulaire du programme de r&eacute;formes &eacute;conomiques du Premier ministre Abiy Ahmed, malgr&eacute; plusieurs grandes inconnues.
Il s'agit notamment de savoir combien d'argent les entreprises ext&eacute;rieures devront d&eacute;bourser pour entrer sur le march&eacute; et &agrave; quoi ressemblera exactement le secteur r&eacute;organis&eacute;.&nbsp;
Malgr&eacute; tout, cela reste "un moment excitant", se r&eacute;jouit Feleg Tsegaye, fondateur de Deliver Addis, site de e-commerce et employeur de Sisay Alebachew.
"Je pense que tout le monde dans la tech s'est demand&eacute;, &agrave; un moment, +Quand est-ce que &ccedil;a va se produire ?+", t&eacute;moigne-t-il.
L&rsquo;Autorit&eacute; &eacute;thiopienne des communications (ECA), l'autorit&eacute; de r&eacute;gulation, a laiss&eacute; aux entreprises jusqu'au 22 juin pour pr&eacute;senter leur dossier de candidature pour les licences.
Parmi les potentiels investisseurs figurent le fran&ccedil;ais Orange et les entreprises de t&eacute;l&eacute;communications Safaricom et MTN, respectivement k&eacute;nyane et sud-africaine.
Chacune des deux licences pourrait co&ucirc;ter plus d'un milliard de dollars (environ 912 M d'euros).Les entreprises devront &eacute;galement financer l'am&eacute;lioration des infrastructures de t&eacute;l&eacute;coms, ralentie par des ann&eacute;es de sous-investissement.&nbsp;
Pour les analystes, un tel montant repr&eacute;sente une aubaine au regard de la population de l&rsquo;&Eacute;thiopie (environ 110 millions d'habitants) et du nombre d'abonn&eacute;s dont dispose actuellement Ethio Telecom (44 millions).
"L&rsquo;&Eacute;thiopie repr&eacute;sente &eacute;videmment cette nouvelle zone de croissance et tout op&eacute;rateur voudrait y entrer", a affirm&eacute; Chiti Mbizule, analyste chez Fitch Solutions.&nbsp;

- Coupures de r&eacute;seaux -

Pourtant, certains craignent que les op&eacute;rations des entreprises ext&eacute;rieures soient limit&eacute;es.
Une directive de la Banque centrale publi&eacute;e le mois dernier autorise les entreprises non financi&egrave;res &agrave; fournir des services financiers mobiles mais &agrave; condition d'&ecirc;tre d&eacute;tenues localement.
Ce qui pourrait &ecirc;tre un probl&egrave;me pour des soci&eacute;t&eacute;s comme Orange et Safaricom qui placent le paiement mobile au c&oelig;ur de leur strat&eacute;gie commerciale.
En outre, l&rsquo;&Eacute;thiopie est connue pour ses coupures prolong&eacute;es du r&eacute;seau internet pendant les p&eacute;riodes d'agitation politique et celle, pourtant m&ecirc;me moins sensible, des examens scolaires.
Le gouvernement devra assurer aux entreprises ext&eacute;rieures qu'elles pourront op&eacute;rer &agrave; un "niveau de concurrence &eacute;quitable" avec Ethio Telecom, insiste Zemedeneh Negatu, pr&eacute;sident de Fairfax Africa Fund, entreprise bas&eacute;e aux Etats-Unis.&nbsp;
"C'est le plus grand march&eacute; inexploit&eacute; au monde, donc tous les acteurs s&eacute;rieux sont assez excit&eacute;s par le march&eacute; &eacute;thiopien", confirme M. Zemedeneh.
"Mais, du c&ocirc;t&eacute; &eacute;thiopien, nous devons faire en sorte de le mon&eacute;tiser", souligne-t-il.

- Vents politiques contraires -

Les r&eacute;formes des t&eacute;l&eacute;communications risquent de se heurter &agrave; des vents politiques contraires &agrave; l'heure o&ugrave; l&rsquo;&Eacute;thiopie se pr&eacute;pare &agrave; des &eacute;lections g&eacute;n&eacute;rales, initialement pr&eacute;vues en ao&ucirc;t et repouss&eacute;es sine die en raison de la pand&eacute;mie de nouveau coronavirus.
M. Abiy, nomm&eacute; Premier ministre en 2018, a &eacute;t&eacute; accus&eacute; d'outrepasser ses fonctions en vendant une partie d'Ethio Telecom, entreprise publique rentable.
"Si vous avez &eacute;t&eacute; &eacute;lu d&eacute;mocratiquement sur un programme (dans lequel vous annonciez) vendre des actifs strat&eacute;giques, alors vous n'avez pas besoin d'attendre des &eacute;lections", r&eacute;sume Alemayehu Geda, &eacute;conomiste &agrave; l'universit&eacute; d'Addis Abeba : "Mais ce gouvernement n'a pas &eacute;t&eacute; &eacute;lu avec un tel programme".
Le pire serait que le gouvernement "tire profit" des r&eacute;formes sans garantir une quelconque am&eacute;lioration du service, selon l'ambassadrice d'Allemagne en Ethiopie.
"Le secteur des technologies a besoin de nombreuses am&eacute;liorations dans le pays.Internet rencontre beaucoup de probl&egrave;mes", affirme Brita Wagener."Nous le remarquons particuli&egrave;rement en ce moment avec toutes les r&eacute;unions virtuelles que nous tenons".

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