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Les Tunisiens confient un mandat clair à Saied pour revitaliser la jeune démocratie

L'instance électorale doit confirmer lundi que les Tunisiens, en particulier les jeunes électeurs, ont confié un mandat présidentiel clair à Kais Saied, un enseignant de droit à la retraite quasi inconnu jusque-là sur la scène politique, pour revitaliser la jeune démocratie.

Avec un score sup&eacute;rieur &agrave; 70% selon les sondages et une participation en nette hausse (au moins 57,8%), M. Saied, 61 ans, enregistre une victoire "&eacute;clatante", titre le quotidien arabophone Chourouk.
Qui l'eut cru il y a encore deux mois, quand ce n&eacute;ophyte en politique, sans structure partisane, menait une campagne de terrain low-cost peu visible et sous-estim&eacute;e ?
"Il a &eacute;t&eacute; &eacute;lu tr&egrave;s confortablement", constate le politologue Selim Kharrat, en notant --si les r&eacute;sultats se confirment-- qu'avec plus de trois millions de voix, il fera mieux que l'ensemble des 217 d&eacute;put&eacute;s &eacute;lus le 6 octobre.
Ce score "est un message au Parlement", poursuit M. Kharrat, qui dirige l'ONG de suivi du Parlement Al Bawsala : "les &eacute;lecteurs ont opt&eacute; pour un projet de moralisation de la vie politique, de lutte contre la corruption et qui donne plus de pouvoir aux entit&eacute;s locales".
Pour lui, la principale diff&eacute;rence entre les deux finalistes repose sur leurs "socles moraux": "Nabil Karoui repr&eacute;sente la classe politique dirigeante qui verse dans la compromission, et qui utilise argent et pouvoir pour un int&eacute;r&ecirc;t personnel".
L'homme d'affaires, fondateur de la principale cha&icirc;ne priv&eacute;e tunisienne Nessma TV, avait fait de la lutte contre la pauvret&eacute; son cheval de bataille.
Il est aussi associ&eacute; en affaires &agrave; l'ex-Premier ministre italien Silvio Berlusconi et reste poursuivi pour fraude fiscale et blanchiment d'argent.
Nabil Karoui a attribu&eacute; son &eacute;chec &agrave; son incarc&eacute;ration durant 49 jours, en pleine campagne, et ses &eacute;quipes ont indiqu&eacute; r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; une fa&ccedil;on de contester cette situation in&eacute;dite.
Mais si sa lib&eacute;ration in extremis mercredi ne lui a laiss&eacute; que deux jours pour faire campagne, il a &eacute;t&eacute; soutenu tambour battant par Nessma, en d&eacute;pit des r&egrave;gles mises en place depuis la r&eacute;volution de 2011.

- "Refaire vivre l'espoir" -

Au-del&agrave; du vote sanction du premier tour qui avait chass&eacute; tous les dirigeants sortants, les scores enregistr&eacute;s par Kais Saied, notamment chez les jeunes --plus de 90% chez les 18-25 ans selon un institut de sondage--, t&eacute;moignent d'une adh&eacute;sion au projet de ce candidat sobre voire rigide.
"Les Tunisiens cherchaient la probit&eacute;", avance le conservateur Lotfi Mra&iuml;hi, tout juste &eacute;lu d&eacute;put&eacute; et qui a soutenu M. Saied.Celui-ci incarne "cette volont&eacute; de couper avec l'ancien syst&egrave;me et de refaire vivre l'espoir port&eacute; par la r&eacute;volution", dit-il.
Le conservatisme soci&eacute;tal assum&eacute; du futur pr&eacute;sident a &eacute;t&eacute; un sujet de d&eacute;bat durant la campagne.Mais le positionnement globalement hors normes de Kais Saied a fait voler en &eacute;clat les clivages traditionnels entre progressistes et islamistes.
Derri&egrave;re son discours souverainiste et ses appels &agrave; une r&eacute;forme radicale du r&eacute;gime politique se sont rang&eacute;s des formations de gauche, nationaliste arabe tout comme le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, principal bloc au Parlement (52 si&egrave;ges).


- Forte l&eacute;gitimit&eacute;, lourde responsabilit&eacute; -

Ce mandat clair lui donne d&eacute;sormais une forte l&eacute;gitimit&eacute; et une lourde responsabilit&eacute; pour r&eacute;pondre &agrave; une population aux attentes aiguis&eacute;es, apr&egrave;s avoir vu les espoirs de la r&eacute;volution d&eacute;&ccedil;us.
Reste &agrave; savoir s'il parviendra &agrave; faire passer ses propositions sans parti pour les relayer au Parlement, o&ugrave; se situe l'essentiel du pouvoir en vertu de la Constitution de 2014.
La nouvelle assembl&eacute;e sera compos&eacute;e d'une multitude de partis divergents, ce qui augure de n&eacute;gociations ardues pour former un gouvernement --cette t&acirc;che doit revenir &agrave; Ennahdha--, alors que s'accumulent les urgences socio-&eacute;conomiques.
La principale proposition de M. Saied, celle de confier le pouvoir &agrave; des conseils locaux au mandat r&eacute;vocable, repr&eacute;sente "une chute du r&eacute;gime par la loi", argue Selim Kharrat.&nbsp;Pour la mener &agrave; bien, il va falloir "des n&eacute;gociations, surtout avec un Parlement &eacute;clat&eacute; avec une majorit&eacute; fragile".
"C'est quasiment infaisable", estime-t-il, craignant de voir le pr&eacute;sident "isol&eacute; pendant cinq ans &agrave; Carthage (palais&nbsp;pr&eacute;sidentiel)".
Mais, en fin connaisseur des textes encadrant ses pr&eacute;rogatives, th&eacute;oriquement limit&eacute;es &agrave; la d&eacute;fense et la diplomatie, Kais Saied "pourrait prendre des initiatives constitutionnelles", souligne le politologue Youssef Cherif.
Il avait d'ailleurs &eacute;voqu&eacute; cette possibilit&eacute; lors du d&eacute;bat t&eacute;l&eacute;vis&eacute; vendredi.
M. Saied devrait pr&ecirc;ter serment d'ici fin octobre, selon la pr&eacute;sidence.Il doit prendre la rel&egrave;ve du chef de l'Etat par int&eacute;rim Mohammed Ennaceur, nomm&eacute; pour 90 jours apr&egrave;s le d&eacute;c&egrave;s en juillet du premier pr&eacute;sident &eacute;lu d&eacute;mocratiquement au suffrage universel, B&eacute;ji Ca&iuml;d Essebsi.

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