Au Tchad, le président Mahamat Idriss Déby retire la nationalité tchadienne à deux opposants

Le président du Tchad Mahamat Idriss Déby a signé mercredi 17 septembre un décret retirant la nationalité à deux figures de l’opposition établies en France, accusées de critiques virulentes contre son régime et d’"intelligence avec des puissances étrangères".

Une mesure présidentielle exceptionnelle

Selon le décret publié par le secrétariat général du gouvernement, "Messieurs Chafardine Galmaye Saleh et N’Guebla Makaïla sont déchus de la nationalité tchadienne". Cette décision vise deux activistes connus pour leur engagement critique envers le pouvoir.

Chafardine Galmaye Saleh, fondateur du blog Tchad One, suivi par de nombreux internautes tchadiens, dénonce régulièrement la gouvernance du président Déby. De son côté, N’Guebla Makaïla, ancien opposant au long règne d’Idriss Déby Itno, avait brièvement été intégré au cercle présidentiel comme conseiller aux droits humains sous la transition, avant de s’exiler en France, d’où il a repris ses critiques contre le régime.

Réactions immédiates de l’opposition

Dans une publication sur Facebook, le blog Tchad One a qualifié la décision présidentielle de "ridicule et absurde". Selon le texte, Chafardine Galmaye "garde un moral intact" et poursuivra son combat pour "la justice et la démocratie au Tchad".

Contexte politique tendu

Mahamat Idriss Déby a pris le pouvoir le 20 avril 2021, à la mort de son père Idriss Déby Itno, tué au front après trois décennies à la tête du pays. Proclamé président de transition par l’armée, il a été élu chef de l’État en mai 2024 lors d’un scrutin boycotté par une large partie de l’opposition, qui dénonce une dérive autoritaire.
Cette mesure de déchéance de nationalité s’inscrit dans un climat marqué par des tensions persistantes entre le pouvoir et ses opposants, notamment en exil, régulièrement accusés de conspirer avec l’étranger.