Burkina Faso : “Les journalistes évitent les sujets liés à la sécurité ou la politique” selon l’écrivain Ousmane Paré

Deux journalistes enlevés et portés disparus depuis plus d'un an ont été libérés en début de semaine, selon leurs proches. Adama Bayala, journaliste et chroniqueur sur la télévision privée BF1, était porté disparu depuis le 28 juin 2024. Alain Traoré dit "Alain Alain", rédacteur en chef d'Omega Média, avait été enlevé à son domicile le 13 juillet 2024 par des individus armés.

#BurkinaFaso
Il y a un an, les professionnels des médias Serge Oulon, Adama Bayala, Kalifara Séré et Alain Traoré dit Alain Alain étaient enlevés
Au #Sahel central et en #Guinée, les forces de sécurité ont régulièrement recours aux disparitions forcées👇 https://t.co/2Q5ef4w3mb

— Amnesty West & Central Africa (@AmnestyWARO) June 24, 2025

“Les journalistes évitent d’aller sur des questions, les sujets qui peuvent faire l’objet de polémiques”  

L'association des journalistes du Burkina Faso (AJB) a dénoncé, récemment, des atteintes à la liberté d'expression et à la liberté de la presse «jamais égalées», depuis l'arrivée au pouvoir d’Ibrahim Traoré en septembre 2022. Selon Ousmane Paré, journaliste et écrivain, basé à Ougadougou, les journalistes vivent dans la crainte, et évitent de travailler sur des sujets sensibles “Les journalistes évitent d’aller sur des questions, les sujets qui peuvent faire l’objet de polémiques, que ce soit sur la question sécuritaire, de façon globale, ou même les questions liées aux relations internationales ou politiques, les médias préfèrent s’abstenir” déclare Ousmane Paré. 

Au cours du mois de juillet, cinq journalistes burkinabè ont été libérés après avoir été enlevés et parfois réquisitionnés de force “Il y a certains journalistes qu’on a vu dans des vidéos sur le théâtre des opérations, mais on a très peu d’informations” ajoute Ousmane Paré 

Un journaliste reste introuvable, il s'agit de Atiana Serge Oulon, directeur de publication du bimensuel d'investigation L'Événement

 Il a été enlevé à son domicile le 24 juin 2024. Selon ONG Reporters Sans Frontières (RSF), les autorités burkinabè avaient "assumé" son enrôlement de force dans l'armée en octobre 2024 “La montée de l’insécurité et l’instabilité politique, liée aux deux coups d’État survenus en janvier et en septembre 2022, ont considérablement dégradé les conditions d’accès à une information plurielle et l’exercice d’un journalisme libre. Le “traitement patriotique” de l’information cher au capitaine Ibrahim Traoré, président de transition, a pris le pas sur la possibilité d’exercer un travail journalistique rigoureux” déclare RSF. 

Burkina/enlèvements :" c'est une manière de faire taire les voix dissidentes"