Les directeurs de publication de deux médias d’information en ligne burkinabè, Lamine Traoré du site Burkina Yawana et Abdou Zouré du média Faso7, ont retrouvé la liberté lundi 20 octobre, après leur interpellation il y a près d’une semaine par des agents du renseignement national. Leur arrestation, non officiellement justifiée par les autorités, avait suscité inquiétudes et interrogations dans un contexte de durcissement envers les voix critiques au Burkina Faso.
🔴 #Burkina - Notre Directeur de publication avait été interpellé par les renseignements depuis maintenant une semaine. #burkinayawana
— Burkina Yawana (@BurkinaYawana) October 21, 2025
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Une vague d’interpellations ciblant les médias
Dans un communiqué publié mardi, la rédaction de Burkina Yawana a confirmé la libération de son responsable et annoncé une reprise prochaine de ses publications, suspendues depuis son arrestation. Le média dit « se réjouir de la libération » de Lamine Traoré, tout en saluant « la courtoisie et l’esprit d’écoute » des enquêteurs. De son côté, Faso7 est resté silencieux sur cette affaire, mais un proche d’Abdou Zouré, joint par l’AFP, a affirmé que le journaliste « a déjà tourné la page ».
Burkina Faso. Journalistes interpellés dans le pays : trois d'entre eux ont été libérés
Ces interpellations ne sont pas isolées. Plusieurs journalistes burkinabè ont récemment été convoqués, arrêtés puis interrogés pendant quelques jours avant d’être relâchés. Selon des sources proches des médias locaux, ces arrestations seraient liées à une enquête interne des autorités sur la fuite d’une interview exclusive du chef du régime, le capitaine Ibrahim Traoré, réalisée fin septembre. Des extraits de cet entretien avaient circulé sur une page critique du régime quelques heures avant sa diffusion officielle sur la télévision nationale le 28 septembre.
Climat de répression croissante
Depuis le coup d’État de septembre 2022, le régime militaire d’Ibrahim Traoré est accusé de réprimer opposants, acteurs de la société civile et journalistes. Les autorités assument une ligne de fermeté au nom de la lutte contre le « sabotage » et la « désinformation », en pleine offensive contre les groupes jihadistes qui menacent toujours une grande partie du territoire burkinabè.
La presse indépendante est de plus en plus sous pression. Des médias internationaux ont été suspendus, des correspondants étrangers expulsés, et des journalistes locaux inquiétés. En parallèle, la société civile rapporte la disparition d’au moins quatre magistrats depuis début octobre, ce que des sources judiciaires qualifient d’« enlèvements ».
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Face à cet environnement de plus en plus fermé, les défenseurs de la liberté de la presse alertent sur une dérive autoritaire et la multiplication d’arrestations arbitraires. Pour l’heure, aucun communiqué officiel n’a été publié par le gouvernement burkinabè sur les interpellations récentes.
Alors que le pays reste confronté à une crise sécuritaire majeure et à un isolement diplomatique croissant, le climat politique interne continue de se durcir, réduisant encore un peu plus l’espace démocratique.
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