À quelques jours de l’élection présidentielle, prévue samedi 25 octobre, la tension monte en Côte d’Ivoire. Mardi soir, le tribunal d’Abidjan a condamné 32 manifestants à trois ans de prison ferme pour « troubles à l’ordre public » et « attroupement sur la voie publique ». Huit autres prévenus ont été relaxés. Selon le parquet, ils avaient participé à une manifestation non autorisée organisée le 11 octobre dans la capitale économique.
Une opposition sous pression
Depuis le début du mois, les deux principaux partis d’opposition appellent à des manifestations pour dénoncer l’exclusion de leurs leaders Laurent Gbagbo (PPA-CI) et Tidjane Thiam (PDCI) du scrutin, ainsi que la candidature controversée à un quatrième mandat du président sortant Alassane Ouattara. Mais ces mobilisations sont systématiquement interdites par les autorités, qui invoquent des risques de « déstabilisation » et de « violences ».
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Plus de 700 personnes ont été arrêtées dans le pays dans le cadre de ces protestations, certaines poursuivies pour des faits assimilés à « des actes de terrorisme », selon le procureur de la République, Oumar Braman Koné. « La liberté de manifester ne saurait être confondue avec le désordre », a déclaré mardi soir la procureure au tribunal d’Abidjan, justifiant la sévérité des réquisitions. Une position que rejette la défense. « Il n’y a eu aucune preuve d’un trouble à l’ordre public », a dénoncé Me Roselyne Serikpa, l'une des avocates, annonçant un appel de la décision dès mercredi.
Montée des tensions avant le scrutin
La semaine passée, une trentaine d’autres manifestants avaient déjà été condamnés à la même peine. Sur le terrain, plusieurs villes du sud et de l’ouest du pays, bastions de l’opposition, ont été le théâtre de barrages et de tentatives de marches. Trois personnes ont déjà perdu la vie, dont un gendarme.
Un bâtiment de la Commission électorale indépendante (CEI) a par ailleurs été incendié lundi à Yamoussoukro, signe d’un climat politique explosif. L’opposition, par la voix du PDCI, a dénoncé un « cadre répressif » visant à « étouffer toute contestation ». Le parti appelle néanmoins ses partisans à rester mobilisés « pacifiquement » et réclame un dialogue politique « urgent ».
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— PDCI-RDA Officiel (@pdcirdaofficiel) October 7, 2025
Face aux critiques, le gouvernement défend sa ligne dure. Il assure que les rassemblements interdits ont un « caractère subversif » et seraient « marqués par des violences ». Pour sécuriser la période électorale, 44 000 membres des forces de l’ordre ont été déployés sur l’ensemble du territoire.
En 2020, les violences préélectorales avaient fait 85 morts. Cette année encore, l’absence de figures majeures de l’opposition et la contestation des conditions du scrutin font craindre de nouvelles dérives. « On sent beaucoup de crispations », observe Gilles Yabi, fondateur du think tank ouest-africain Wathi.
Samedi, le président Alassane Ouattara briguera un quatrième mandat face à quatre candidats : Jean-Louis Billon, Simone Ehivet Gbagbo, Ahoua Don Mello et Henriette Lagou. Un scrutin qui s’annonce déjà sous haute tension.
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