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Mali: une cinquantaine de soldats tués depuis vendredi, de l'émoi et des questions

Le Mali était en émoi dimanche après la mort depuis vendredi d'au moins 51 de ses soldats dans deux attaques jihadistes séparées qui allongent une série meurtrière au moment où les autorités semblent "à court de solution" pour l'arrêter.

Le Mali, pays sah&eacute;lien pris dans un tourbillon de violences jihadistes depuis 2012, est en &eacute;moi et compte ses soldats morts au front: fin septembre, au moins 40 soldats tu&eacute;s dans l'attaque de camps militaires dans le centre du pays, vendredi, au moins 49 dans l'attaque d'un camp militaire dans le Nord-Est, samedi, deux dans l'explosion d'un engin explosif dans le Centre.
"Il y a un mois, c&rsquo;&eacute;tait Boulkessi (un des camps militaires attaqu&eacute;s fin septembre par les jihadistes), maintenant Indelimane (nord-est).&Ccedil;a va s'arr&ecirc;ter quand?Nos soldats vont-ils arr&ecirc;ter de mourir?", s'interroge Aminata, Bamakoise de 27 ans.
Aminata ne "comprend pas" comment vendredi, en milieu de journ&eacute;e, le camp militaire d'Indelimane, non loin du village &eacute;ponyme situ&eacute; sur un axe du nord du Mali entre Ansongo et M&eacute;naka, pr&egrave;s du Niger, a &eacute;t&eacute; pris d'assaut.
"Les +terroristes+ ont men&eacute; une attaque surprise &agrave; l'heure du d&eacute;jeuner", a indiqu&eacute; un officier de l'arm&eacute;e malienne.&nbsp;
Selon un rapport interne onusien consult&eacute; dimanche, trois groupes distincts ont attaqu&eacute; la base militaire de fa&ccedil;on simultan&eacute;e.
Selon l'officier, ils "&eacute;taient &agrave; moto", le moyen de transport privil&eacute;gi&eacute; par les groupes jihadistes au Sahel.Au moins 49 soldats ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;s, selon l'arm&eacute;e.
Samedi, le groupe Etat islamique (EI) a revendiqu&eacute; l'attaque, dans un communiqu&eacute; sign&eacute; de sa "Province Afrique de l'Ouest", ainsi que la pose d'une bombe artisanale dans la m&ecirc;me zone de M&eacute;naka qui a tu&eacute; le m&ecirc;me jour un soldat fran&ccedil;ais de l'op&eacute;ration Barkhane (d&eacute;ploy&eacute;e au Sahel depuis 2014, 4.500 hommes).&nbsp;
Un porte-parole du groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), succursale du groupe EI au Sahel, a indiqu&eacute; dimanche &agrave; l&rsquo;AFP que son groupe avait attaqu&eacute; le camp "au nom du califat".

-"Apostats"-

"On avait appris que l'arm&eacute;e malienne travaillait dans le camps avec les apostats.Nous avons r&eacute;ussi &agrave; supprimer le camp", a d&eacute;clar&eacute; Abdoul Chiquiti - un nom de guerre - en pr&eacute;cisant que "la France est notre principale ennemie".
La construction du camp d'Indelimane a de fait &eacute;t&eacute; appuy&eacute;e par les partenaires du Mali &mdash; la mission de l'ONU au Mali (Minusma, 13.000 hommes) et Barkhane &mdash; en mars 2018.Des patrouilles conjointes ont &eacute;t&eacute; organis&eacute;es par le pass&eacute; entre l'arm&eacute;e malienne et la force fran&ccedil;aise dans la zone.
Cette nouvelle attaque, un mois apr&egrave;s celles des camps de Mondoro et Boulkessi (centre), suscite des interrogations sur les capacit&eacute;s d'action de l'arm&eacute;e malienne dans cette r&eacute;gion o&ugrave; se trouvent les fronti&egrave;res de plusieurs pays, notamment le Niger et le Burkina-Faso, touch&eacute;s eux aussi par les attaques jihadistes.
"L'arm&eacute;e malienne a perdu pr&egrave;s d&rsquo;une centaine d'&eacute;l&eacute;ments &agrave; Boulkessi et &agrave; Indelimane, cela va laisser des traces", estime un observateur &agrave; Bamako.
Apr&egrave;s la double attaque de Mondoro et Boulkessi, plusieurs manifestations de femmes de militaires avaient eu lieu &agrave; Bamako et S&eacute;var&eacute; (centre).
Le pr&eacute;sident Ibrahim Boubacar Ke&iuml;ta ne s'est pas encore exprim&eacute; publiquement sur les &eacute;v&eacute;nements de vendredi et samedi.&nbsp;
- "Moyens limit&eacute;s" -

Il avait appel&eacute; &agrave; plusieurs reprises les Maliens &agrave; soutenir leur arm&eacute;e, en reconnaissant toutefois que "nos moyens deviennent limit&eacute;s" et que ce qui s'&eacute;tait pass&eacute; &agrave; Boulkessi "pourrait malheureusement survenir encore".
Le pouvoir "semble &agrave; court de solutions face aux attaques", avait dit &agrave; l'&eacute;poque un diplomate occidental &agrave; l'AFP.Les faibles moyens de l'arm&eacute;e et le peu d'emprise de l'Etat sur le territoire renforcent ce sentiment, selon lui.
Cette r&eacute;gion dite des "trois fronti&egrave;res" entre Mali, Burkina et Niger, est la zone d'action du groupe EIGS depuis sa cr&eacute;ation en 2015.
Le groupe est emmen&eacute; par Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, ancien membre du Front Polisario dans les ann&eacute;es 1990 qui a &eacute;t&eacute; dans les ann&eacute;es 2010 un des principaux responsables du Mouvement pour l'unicit&eacute; et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) un des groupes jihadistes qui avaient pris le contr&ocirc;le du nord du Mali en 2012.
Il avait fait dissidence en mai 2015 pour pr&ecirc;ter all&eacute;geance &agrave; l'EI.Pr&eacute;sent dans la zone de M&eacute;naka, dans l'ouest du Niger et dans l'est du Burkina Faso, l'EIGS avait notamment revendiqu&eacute; l'attaque de Tongo Tongo, en octobre 2017 au Niger, qui avait co&ucirc;t&eacute; la vie &agrave; quatre soldats am&eacute;ricains et quatre militaires nig&eacute;riens.
Symbole de son importance aujourd'hui dans la n&eacute;buleuse jihadiste sah&eacute;lienne, les Etats-Unis ont promis en septembre des r&eacute;compenses pouvant atteindre cinq millions de dollars en &eacute;change d'informations pour localiser Al-Sahraoui.

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