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Ouganda: réseaux sociaux et messageries suspendus à l'approche de la présidentielle

L'Ouganda a ordonné mardi aux opérateurs internet de suspendre l'accès aux réseaux sociaux et services de messagerie jusqu'à nouvel ordre, deux jours avant une élection présidentielle tendue.

Les Ougandais voteront jeudi lors d'&eacute;lections pr&eacute;sidentielle et l&eacute;gislatives o&ugrave; le pr&eacute;sident sortant Yoweri Museveni, 76 ans, au pouvoir depuis 1986, affronte l'opposant Bobi Wine, 38 ans, au terme d'une campagne &eacute;lectorale&nbsp;plus violente que les pr&eacute;c&eacute;dentes.
Des candidats de l'opposition ont &eacute;t&eacute; arr&ecirc;t&eacute;s et emp&ecirc;ch&eacute;s de faire campagne.Leurs supporters ont &eacute;t&eacute; vis&eacute;s par des gaz lacrymog&egrave;ne et parfois par des balles r&eacute;elles.
Journalistes couvrant l'opposition, critiques du r&eacute;gime ou encore organisations d'observation des &eacute;lections ont de diverses mani&egrave;res &eacute;t&eacute; emp&ecirc;ch&eacute;s de travailler, suscitant des craintes pour l'&eacute;quit&eacute; et la transparence du scrutin.&nbsp;
Mardi, la directrice de la Commission ougandaise des communications, Irene Sewankambo, a ordonn&eacute; dans un courrier transmis aux op&eacute;rateurs internet et consult&eacute; par l'AFP de "suspendre imm&eacute;diatement tout acc&egrave;s" &agrave; l'ensemble des r&eacute;seaux sociaux et services de messagerie, notamment Facebook, Twitter, WhatsApp, Signal et Viber.
Selon une source travaillant dans le secteur des t&eacute;l&eacute;communications et parlant sous le couvert de l'anonymat, cette mesure a &eacute;t&eacute; prise en repr&eacute;sailles de la fermeture lundi par Facebook de plusieurs comptes appartenant &agrave; des responsables gouvernementaux ou des soutiens du pr&eacute;sident Yoweri Museveni&nbsp;
Le g&eacute;ant am&eacute;ricain les a accus&eacute;s d'avoir cherch&eacute; &agrave; "influer sur le d&eacute;bat public en amont de l'&eacute;lection".&nbsp;

- "Impossible de gagner" -

Mardi matin, Wine, ancien chanteur devenu d&eacute;put&eacute; qui s'est impos&eacute; comme le principal adversaire de M. Museveni, a appel&eacute; les &eacute;lecteurs ougandais &agrave; voter en masse et &agrave; "prot&eacute;ger leur vote".
Qualifiant d'"ill&eacute;gal" l'ordre donn&eacute; par la Commission &eacute;lectorale aux &eacute;lecteurs de s'&eacute;loigner rapidement des bureaux de vote apr&egrave;s avoir gliss&eacute; leur bulletin dans l'urne, il a, au contraire, enjoint ces derniers &agrave; utiliser leurs "t&eacute;l&eacute;phones, leurs cam&eacute;ras" pour surveiller le scrutin.
Wine a d&eacute;clar&eacute; dans une r&eacute;cente interview &agrave; l'AFP que ses supporters &eacute;taient "pacifiques mais fermes" et a promis des manifestations, non violentes, si l'&eacute;lection semblait truqu&eacute;e.&nbsp;
Au cours de la campagne, Bobi Wine, arr&ecirc;t&eacute; maintes fois depuis 2018,&nbsp;a troqu&eacute; ses costumes ajust&eacute;s et son b&eacute;ret rouge pour un gilet pare-balle et un casque.En novembre,&nbsp;54 personnes ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;es par la police lors de violences qui ont suivi une &eacute;ni&egrave;me arrestation du candidat.
Loin du tumulte, Museveni&nbsp;a tranquillement sillonn&eacute; le pays ces derni&egrave;res semaines, coiff&eacute; de son embl&eacute;matique chapeau &agrave; large bord, inaugurant de nouvelles routes, et tenant le d&eacute;compte du nombre de jours le s&eacute;parant de la victoire sur ses posters de campagne.
Pendant son long r&egrave;gne, l'ancien gu&eacute;rillero est parvenu &agrave; fusionner l'Etat avec son parti, le Mouvement pour la r&eacute;sistance nationale (NRM), et &agrave; emp&ecirc;cher toute alternative politique.En 35 ans, il n'a jamais perdu une &eacute;lection.
"Le contexte rend simplement impossible de gagner une &eacute;lection contre Museveni.L'identit&eacute; du challenger importe peu", observe l'analyste politique ougandais Bernard Sabiti.

- Jeunesse -

Mais l'&eacute;mergence de Bobi Wine, Robert Kyagulanyi de son vrai nom, a &eacute;branl&eacute; le pr&eacute;sident, qui pr&eacute;side aux destin&eacute;es d'une population extr&ecirc;mement jeune - l'&acirc;ge m&eacute;dian est inf&eacute;rieur &agrave; 16 ans - et de plus en plus urbanis&eacute;e et &eacute;duqu&eacute;e.&nbsp;
Cette jeunesse n'a connu d'autre dirigeant que Museveni et est moins sensible que ses a&icirc;n&eacute;s &agrave; la stabilit&eacute; et &agrave; la prosp&eacute;rit&eacute; relative que le pr&eacute;sident a amen&eacute;es apr&egrave;s les sombres ann&eacute;es Idi Amin Dada et Milton Obote.
De plus, elle peine &agrave; se construire un avenir dans un pays o&ugrave; seulement 75.000 nouveaux emplois sont cr&eacute;&eacute;s chaque ann&eacute;e pour les 700.000 jeunes qui entrent dans le m&ecirc;me temps sur le march&eacute; du travail, selon la Banque mondiale.&nbsp;
Bobi Wine, qui avait trois ans lorsque Museveni est arriv&eacute; au pouvoir, promet de mettre fin &agrave; la corruption, responsable selon lui de l'absence de d&eacute;bouch&eacute;s.
"Nous voulons du changement.Il n'y a pas d'emplois, pas d'argent, nous ne pouvons pas aller &eacute;tudier et quand nous allons &agrave; l'h&ocirc;pital, il n'y a pas de m&eacute;dicaments", explique Dorah Wasswa, 23 ans, qui vend des produits &agrave; la sauvette dans une rue de Kampala.&nbsp;
L'image, mise en avant par sa campagne, d'un Museveni bienveillant et fringant malgr&eacute; son &acirc;ge - il aime &agrave; faire des pompes en public - n'a pas su dissimuler son courroux face &agrave; Bobi Wine.
Il accuse ce dernier d'&ecirc;tre soutenu par "les &eacute;trangers" et "les homosexuels", et a plus largement sugg&eacute;r&eacute; que ses opposants sont aid&eacute;s par des "gangs criminels".&nbsp;&nbsp;
Face &agrave; Museveni, l'opposition n'est pas parvenue &agrave; s'unifier et pr&eacute;sente 10 candidats qui ont v&eacute;cu une campagne compliqu&eacute;e, &agrave; commencer par Wine, que les forces de s&eacute;curit&eacute; ont accus&eacute;, ainsi que ses supporters, d'enfreindre les mesures de lutte contre le Covid-19.

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